Marseille
L'un des plus anciens établissements de la ville devrait fermer ses portes le 14 octobre. Georges Seddio, son propriétaire, espère un miracle.
Zizou lui portera-t-il chance
? Georges Seddio, 58 ans, n'invoque pas le portrait géant du joueur qui s'étale sur le
mur en face de son établissement. Il préfère s'en remettre à la 'sagesse' du 1er
président de la cour d'appel devant lequel il a, le 23 septembre dernier, porté
l'affaire l'opposant à la mairie de Marseille. Le jugement est en délibéré jusqu'au 14
octobre. Selon Georges Seddio, lui seul est en mesure de suspendre la décision du
tribunal de grande instance de fermer définitivement l'établissement. Pourtant, il n'y
croit guère. Retour en arrière. Il y a 15 ans, il s'associe avec Charles Altiéri, une
figure marseillaise. Ils achètent le fonds de commerce de ce bar de la Corniche doté
d'une vue fabuleuse sur la rade. Dopé par la réputation de 'Lolo' Altiéri, qui connaît
le tout football, l'établissement attire supporters de l'OM, joueurs et même Bernard
Tapie. En 1993, lors de la Coupe d'Europe, TF1 y fait son journal de 13 heures ! Depuis,
les cars de supporters s'arrêtent avant et après chaque match, et les Marseillais et les
touristes aiment prendre un verre ou déjeuner des farcis provençaux, aïoli, poissons
grillés ou plats du jour de Marie-Pierre.
En 1998, Georges Seddio achète les parts de son associé pour 150 000 e. Tout va pour le
mieux, et Jean Roatta, maire du secteur, lui propose "d'acheter les murs.
L'illusion est de courte durée. Une lettre portée par un huissier lui annonce que le
bail ne serait pas renouvelé". Motif invoqué : destruction pour réaménagement
de la Corniche.
Pour lui, c'est le début d'un feuilleton 'à la Dallas'. D'abord, il ne comprend pas en
quoi son établissement gêne la vue sur la mer. Son fils, Vincent, est amer : "Les
Flots Bleus est un symbole. Il fait partie de l'image et de l'âme de la ville. Ils
veulent nous raser comme si on était un squat."
Ensuite, il se bat pour avoir une indemnité d'éviction décente. Les Domaines
l'évaluent à 260 000 e. Il fait appel, demande 610 000 e "pour dire un
chiffre", et en obtient 365 000. Compte tenu de son emprunt, des travaux
effectués, des indemnités aux 4 salariés, "c'est une misère". En
fait, il veut qu'on le laisse "tranquille 2 ans jusqu'à la retraite". Il
ne veut pas tirer le rideau et ne comprend pas pourquoi on casse son bar pour en
reconstruire un, 3 mètres plus bas. Pourtant, soumis à une astreinte de 366 e par jour,
dans le cas où il ne se plierait pas à la décision du TGI, il ne voit pas comment faire
autrement.
A moins que, Zizou...
D. Fonsèque-Nathan zzz22v
Point de vue |
Henri Loisel, secrétaire de la mairie Pour la municipalité, l'affaire est classée. Pourtant, elle traîne depuis... 1928. A l'époque, le conseil municipal décide de dégager la perspective en démolissant un café dont elle s'est rendue propriétaire. Rien ne bouge jusqu'au XXIe siècle, et la volonté du sénateur-maire Jean-Claude Gaudin "de rendre la mer aux Marseillais, et de créer un cheminement piétonnier sur la Corniche, en dehors des pots d'échappement des voitures". Premier acte de cette fermeté, la démolition, il y a 18 mois, du Roll's, une boîte de nuit à proximité des Flots Bleus. Deuxième acte, le non-renouvellement du bail et la décision de le démolir. Pour Henri Loisel, "nous respectons la loi". Il poursuit : "Selon la décision du tribunal, Les Flots Bleus aurait dû fermer le 18 juillet dernier, mais Jean-Claude Gaudin a souhaité que Georges Seddio termine la saison." Il insiste : "Je comprends qu'il se batte, mais si on l'écoutait, tout resterait immuable." |
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L'Hôtellerie n° 2789 Hebdo 3 Octobre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE