Entre démissions et alliances, le paysage de la cuisine française tente de dédramatiser le conflit qui a éclaté ces dernières semaines entre les chefs et les médias.
Ce week-end, le chef Michel del Burgo (La Bastide de Gordes) a emboîté le pas de Alain Ducasse (Louis XV, Plaza Athénée), et a démissionné de la Chambre syndicale de la haute cuisine française (CSHCF). Tout comme son confrère étoilé, il n'adhère pas à la démarche de protestation engagée par le président de la chambre, Jacques Pourcel (Le Jardin des Sens à Montpellier), qui rejette sur les guides et les critiques gastronomiques la responsabilité du suicide de Bernard Loiseau (lire Critiques sur le gril, L'Hôtellerie n° 2811 du 6 mars 2003). "Je ne suis pas du tout d'accord avec les propos tenus par la CSHCF qui d'ailleurs ne nous a pas consultés avant d'engager cette action." Destinée initialement aux membres et publiée la semaine dernière dans la presse, une lettre interne qualifiait en effet le journaliste gastronomique François Simon du Figaro de "chien" et accusait le système de notation du guide GaultMillau. Dénonçant un "tumulte malséant", et des "paroles maladroites", le cuisinier Alain Ducasse, dans les colonnes du Figaro le 6 mars dernier, a simplement exprimé son étonnement, se désolant que la cuisine soit la grande oubliée du débat : "N'oublions pas que nous sommes en train de parler de cuisine. Je voudrais qu'elle reste le meilleur antidote aux idées noires (...) Pour ceux qui la font comme pour ceux qui l'apprécient, la cuisine reste, en fin de compte, la part du bonheur."
Rumeurs et louanges
Sans doute surprise par l'ampleur des réactions suscitées dans la presse par sa prise de
position, la CSHCF tente maintenant de nuancer son propos et cosigne avec les Maîtres
cuisiniers de France, Euro-Toques France, les Jeunes restaurateurs d'Europe, l'Association
des cuisiniers de France, l'Upac (Union professionnelle et artisanale de la cuisine
française) une 'Lettre ouverte aux journalistes et guides gastronomiques français'
(lire ci-contre). S'ils reconnaissent le tribut de la profession et de son essor aux
guides et aux médias en général, on peut regretter que les chefs ne puissent
s'empêcher de rappeler à l'ordre"certains journalistes" accusés de
répandre des "rumeurs non fondées". L'exercice de la "plus
élémentaire déontologie professionnelle". A moins que ce conseil ne s'applique
également aux "louanges dithyrambiques".
Jean-Michel Lorain, Relais & Châteaux La Côte Saint-Jacques, nous a également
adressé une lettre. Il resitue le débat autour de l'entreprise, et met en avant les
enjeux économiques des maisons qui ont choisi le créneau de la gastronomie. zzz22v
L. Anastassion
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"Ouvrons
un dialogue constructif et faisons la chasse aux idées reçues"
Lettre ouverte aux journalistes
et guides gastronomiques français (Extraits)
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L'Hôtellerie Restauration n° 2812 Hebdo 13 Mars 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE