du 3 avril 2003 |
VINS |
n CARTE DES VINS
Sur 100 bouteilles de bordeaux vendues aujourd'hui, il y a 35 châteaux et 65 vins de marque. Il y a 6 ans,c'était le contraire : ce constat Sécodip a servi de point de départ au débat organisé avec les principaux acteurs des bordeaux de marque. En quête d'image qualitative, ceux-ci se rapprochent de plus en plus du circuit traditionnel. Témoignages.
Bien sûr, la plupart des vins de marque ont une approche industrielle. Des produits situés en "aval du marché", qui permettent, comme le reconnaissait récemment Allan Sichel, p.-d.g. de la Maison Sichel, lors d'un débat sur les bordeaux de marque, de créer et d'asseoir une demande à grand renfort de marketing et de publicité. Des vins créés pour la grande distribution, alliant régularité, volumes et prêts à boire. Mais ce principe a trouvé de nouveaux débouchés dans la restauration en mettant cette fois en avant le binôme régularité et personnalité. Une cible longtemps secondaire pour les metteurs sur marché, devenue pôle d'intérêt à part entière depuis une petite décennie. Le développement des chaînes, leur besoin en volumes et standards, a sans doute contribué à cette ouverture. Il est toutefois intéressant de remarquer la volonté d'image et de montée en gamme développée parallèlement par les producteurs dans ce secteur. Allan Sichel parle alors de "marques d'amont". "La marque crée le produit et le propose ensuite à la vente." Des vins plus appropriés à la restauration dont les possibilités de développement jouent la carte de la personnalité, voire de la particularité. Les prescripteurs servant alors de 'relais' nécessaires à la reconnaissance de la marque. Opportunité de sociétés en mal de marché ? Restons calmes. Le loup n'est pas dans la bergerie. "Vous savez, commente un restaurateur, les vins de marque ont l'avantage, outre la régularité, de présenter un goût accessible à une large palette de consommateurs. Leur accessibilité est incontestable et représente un atout certain." "L'élitisme ne doit pas freiner la nouveauté, estime un autre professionnel. Et encore moins l'équilibre commercial. Les vins de marque, comme les vins de cépage du reste, offrent aujourd'hui des alternatives commerciales utiles. Personnellement, je crois que ce type de vins a tout à fait sa place dans des établissements recherchant des vins d'appel de bon niveau." La notion de vin d'appel doit toutefois être prise avec précaution. Vins et Vignobles Dourthe, "née à partir de la restauration et de l'export" et dont la marque 'n° 1' (vendue entre 500 000 et 1 million de cols par an dans les trois couleurs), arbore une politique volontairement 'élitiste'. "L'ambition de Dourthe aujourd'hui, confie Jean-Marie Chadronnier, p.-d.g. de la société, est de se situer uniquement dans le très haut de gamme, en offrant, dans chaque catégorie, le meilleur vin possible".
Vecteur
Pionnier du bordeaux de marque avec Malesan dans les années 1980, Bernard Magrez a
également évoqué au cours de cette réunion l'évolution des goûts. "Il y a 20
ans, les vins se composaient de 60 à 65 % de cabernet. Aujourd'hui, ce n'est pas le
contraire, mais presque. Toutes les études consommateurs que nous réalisons plusieurs
fois par an nous montrent que les qualités apportées par le merlot dans un assemblage
correspondent mieux aux attentes des consommateurs." Et d'ajouter : "La
crédibilité d'un vin, c'est son étiquette. Et l'adéquation entre la qualité et le
prix de vente consommateur." Cette "crédibilité" est une
préoccupation désormais récurrente, tant au niveau de l'image que du vecteur. Ainsi, le
groupe Dulong-Huet, qui réalise les 2/3 de son activité en grande distribution, s'est
lui aussi penché sur la restauration, après avoir, voilà 3 ans, inauguré leur propre
site de vinification, et lancé, grâce à ces nouvelles infrastructures, la marque Origin
au printemps dernier. "C'est un bordeaux immédiatement prêt à boire sans avoir
besoin de le garder en cave pendant des années. Un vin rond, assez soyeux, pas trop
tannique, qui colle parfaitement au goût du consommateur actuel", a expliqué
Céline Reinecke, directrice marketing de la société, en insistant sur l'aspect "citoyen"
du vin. Il "répond aux exigences nouvelles des consommateurs". Origin
respecte "l'environnement", ce qui "valorise le consommateur et apporte
une sécurité de consommation grâce à une traçabilité totale, puisque Origin est
élaboré de A à Z en production raisonnée". Origin est disponible uniquement
en restauration et chez les cavistes. "La stratégie, à moyen terme, est de
valoriser le produit dans le circuit traditionnel pour, peut-être un jour, si la
notoriété et les consommateurs sont acquis, pouvoir être proposé en grande
distribution", termine Céline Reinecke. Un commentaire quelque part salutaire
pour la restauration, qui retrouve dans ce marché la place de vitrine, c'est-à-dire de
choix et de privilège, qui fait sa spécificité et sa raison d'être aux yeux des
consommateurs.
S. Soubes zzz46f
Pourquoi les restaurateurs choisissent les vins de marque
w Parce qu'ils ont une garantie sur la régularité
w Leur goût est accessible à une large palette de
consommateurs
w Ils peuvent être proposés comme produits d'appel en
matière de prix tout en se situant à un bon niveau qualitatif, et ce, dans le temps
w Parce qu'ils sont immédiatement disponibles et
consommables
w Parce que, pour le client, la marque peut représenter
une sécurité en matière de traçabilité
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L'Hôtellerie Restauration n° 2815 Hebdo 3 Avril 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE