du 24 avril 2003 |
FORMATION |
n UNE EXCEPTION FRANÇAISE
Paul Brunet, après avoir passé 20 ans dans la profession, a enseigné 23 ans en école hôtelière. Membre de l'Association internationale des journalistes et écrivains de la vigne et du vin, il tire la sonnette d'alarme sur l'enseignement des vins dans les écoles.
Dès le début des écoles hôtelières en France, certaines datent des années 20, l'étude des vins a occupé une place importante dans les programmes. Une heure de cours hebdomadaire en première (appelée pompeusement nologie) et une heure en terminale (crus des vins). Force est de constater qu'aujourd'hui, intégrée à la technologie entre le matériel utilisé au restaurant et la rédaction des bons, cette matière ne figure plus dans les programmes en tant que telle. Et c'est fort dommage ! Que d'élèves se sont passionnés pour ces cours, certains occupent d'ailleurs des postes enviables dans le monde du vin, d'autres ont obtenu des titres de Meilleurs sommeliers de France, d'Europe ou du monde. Nombreux sont ceux qui officient à l'étranger où ils constituent de véritables ambassadeurs de notre patrimoine vitivinicole. Malheureusement, les professionnels du vin ne sont pas au courant de cette 'suppression'. Lorsqu'ils l'apprennent, ils ne veulent pas y croire. Comment cela a-t-il pu se produire ? Simplement, il a suffi d'une personne influente parlant plus fort que les autres pour tout changer.
Manque de connaissances
Tous les professionnels qui ont eu à juger des candidats lors des épreuves d'examen ou
des concours ont pu constater les dégâts provoqués pas cette décision. Certes, il
existe une mention complémentaire sommellerie, soit une année de spécialisation après
un diplôme de l'enseignement hôtelier. Mais plus de 99 % des élèves des lycées
hôteliers n'ont pas cette formation et arrivent sur le marché du travail sans les
connaissances de base nécessaires pour commercialiser les vins dans des conditions
acceptables.
De toute évidence, on fait beaucoup mieux à l'étranger où l'enseignement des crus des
vins existe dans de nombreux pays. Certains ont des formations remarquables : Suède,
Italie, Roumanie, Mexique. D'autres mettent en place des formations : Pologne, Bulgarie,
Estonie, Pérou. En Argentine, un des principaux pays producteurs du monde, depuis 2001,
les lycéens, pas uniquement ceux des lycées hôteliers, de la province de Mendoza
apprennent comment on élabore un vin. Cette matière figure au programme des sciences
naturelles. A terme les lycéens apprendront les cépages, l'entretien des vignobles, les
vinifications, les rapports entre le vin et la littérature, la musique.
A un moment où le monde du vin est en pleine évolution, où pour la première fois
l'Australie a vendu plus de vin que la France au Royaume-Uni, il serait souhaitable que
l'enseignement des vins dans les lycées hôteliers retrouve la place qui était la
sienne, c'est-à-dire une matière à part entière. zzz68v
99 % des élèves n'ont pas de formation sur l'étude du vin.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2818 Hebdo 24 Avril 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE