du 24 juillet 2003 |
ACTUALITÉ JURIDIQUE |
... avant de l'avoir tué. La plupart des quotidiens français titrent sur le taux réduit de TVA comme s'il était acquis pour la profession, alors que rien n'est encore joué. Si effectivement le dossier vient de franchir une étape supplémentaire en voyant la restauration inscrite dans la liste des produits qui pourraient bénéficier du taux réduit, rien n'est définitif. La décision finale appartenant à Ecofin, composé des 15 ministres des Finances européens, qui doit voter à l'unanimité cette possibilité de faire bénéficier la restauration du taux réduit de TVA.
Une étape
essentielle vient d'être franchie, alors que les derniers rapports de la Commission sur
les effets de la baisse de TVA sur l'emploi concluaient que cette mesure avait peu ou pas
d'effet sur l'emploi. Il reste encore à convaincre les 15 ministres des Finances d'Ecofin
d'adopter cette mesure à l'unanimité.
Aujourd'hui, ce sont 6 ministres qui sont opposés à la réforme de l'annexe H telle
qu'elle a été proposée par la Commission mercredi 16 juillet dernier. Il y a eu
l'opposition traditionnelle des 3 ministres allemand, danois et hollandais. Mais ces
derniers ont été rejoints par la Grande-Bretagne, l'Irlande et le Luxembourg.
En effet, la séance de la Commission de la Communauté européenne du 16 juillet a été
très houleuse lors de la remise des propositions de nouveaux secteurs pouvant
bénéficier du taux réduit de TVA, et modifier, en conséquence, l'annexe H qui limite
les biens et services pouvant bénéficier du taux réduit. Alors qu'il est habituellement
requis que la Commission vote à l'unanimité ces propositions, cette dernière a été
obligée de recourir à la majorité en raison des fortes oppositions. Il faut dire que
cette proposition de la Commission tend vers 2 objectifs : rationaliser et simplifier les
taux réduits. Afin de les simplifier, cette proposition donne la possibilité à certains
Etats membres d'étendre le taux réduit à des biens et services pour lesquels une
majorité de pays pratique déjà le taux réduit. Ce principe a permis d'inclure la
restauration. Mais outre son objectif de rationaliser les taux réduits, la Commission
souhaite abolir les dérogations qui ont permis, dans le passé, à certains Etats membres
de maintenir des taux réduits pour des biens et services qui ne sont pas repris dans la
liste, et de limiter les taux zéro et super-réduits aux seuls biens et services listés
sur l'annexe H. Frits Bolkestein, le commissaire européen chargé de la fiscalité, a
voulu faire le ménage dans les taux réduits. En effet, Bruxelles autorise les taux
réduits à condition qu'ils soient au minimum de 5 %. Alors que le taux réduit de TVA
est de 3 % au Luxembourg... Quant à la Grande-Bretagne et à l'Irlande, elles pratiquent
un taux zéro pour les produits alimentaires, les vêtements et les chaussures d'enfants.
Et ces deux pays ne sont pas du tout disposés à voir ces produits taxés à 5 %. C'est
la raison pour laquelle ces 3 Etats se sont opposés à cette nouvelle proposition.
Jacques Borel, président du Club TVA, reste malgré tout optimiste : "Nous aurons
du travail pendant ces vacances. Nous avons 5 mois pour convaincre les 15 ministres des
Finances avant le vote final du 16 décembre prochain." Position optimiste
partagée par Jean-Pierre Raffarin, qui a déclaré le 17 juillet qu'il se montrait
confiant sur "l'obtention du feu vert définitif des Quinze" et qu'il ne
doutait pas "de l'emploi créé par les baisses de TVA".
Une proposition bien accueillie par la profession
Pour l'Umih, "cette étape décisive a été obtenue grâce à la mobilisation de
l'Umih, soutenue activement par la CGPME, et grâce au gouvernement français... Ils
restent donc très mobilisés sur ce dossier, qui représente un enjeu économique majeur
pour ce secteur principalement composé de petites entreprises, et qui doit permettre
très rapidement la création de plus de 40 000 emplois".
Quant au Synhorcat, s'il se félicite de cette décision, il précise aussi "qu'en
tout état de cause, si la baisse de TVA en restauration est acquise, le Synhorcat
rappelle que la liberté doit être laissée à chaque chef d'entreprise de choisir quel
usage il en fera : soit de développer sa politique sociale en augmentant les salaires,
soit de privilégier sa politique commerciale en baissant les prix, soit d'investir ou
tout simplement d'éviter de péricliter et de supprimer des emplois.
Le Synhorcat refuse de parler au nom de tous en faisant abstraction de milliers
d'entreprises de restauration qui se trouvent en difficulté et ne peuvent s'engager à
suivre une quelconque règle de compensation qui risquerait d'être, pour elles, à terme,
un marché de dupes".
P. Carbillet zzz66f
Que vont faire les professionnels de la baisse
de TVA ? Le problème de la baisse de TVA en restauration est largement
repris par la presse grand public, dont la dernière grande préoccupation était de
savoir comment les restaurateurs allaient répercuter cette baisse de TVA dans leurs
établissements. Et de conclure, sur la base d'une étude réalisée par Coach Omnium pour
L'Hôtellerie, que les restaurateurs ne répercuteraient pas la baisse du taux de
TVA sur les prix, mais qu'elle servirait pour une grande majorité d'entre eux (51 %) à
augmenter les salaires de leurs employés et à embaucher (pour 48,3 %). |
Les engagements de la professionVers la fin du mois de janvier de cette année, le gouvernement français, par
l'intermédiaire de son Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, avait remis à Bruxelles un
mémorandum qui justifiait les positions du gouvernement français en faveur d'un taux
réduit de TVA dans la restauration, ainsi que les engagements des professionnels en
contrepartie de cette baisse de TVA. |
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Organisations professionnelles | Evaluation des prix TTC | Autres engagements |
Club TVA |
è Engagement de baisse des
prix de 5 % è Communication sur la baisse des prix |
è Augmentation des
salaires de 10 % è Investissements è Programmes de formation par Internet (9 centres de formation) |
Snarr (Syndicat national de l'alimentation et dela restauration rapide) |
è Baisse estimée à un
tiers de l'impact de la réduction de la TVA pour le hamburger è Communication sur la baisse des prix |
è Plan de formation è Revalorisation des salaires intermédiaires è Investissements |
SNRPO (Syndicat national de la restauration publique organisée) |
è Le SNRPO s'engage à inciter ses adhérents à baisser les prix d'au moins la moitié de l'impact de la réduction de la TVA dans le secteur | è Revalorisation des
salaires è Formation è Création d'emplois |
Synhorcat (Syndicat national des hôteliers-restaurateurs, cafetiers et traiteurs) |
è Le Synhorcat s'engage à apporter à ses adhérents des conseils et explications les incitant à la baisse des prix | è Revalorisation
significative de la grille de salaires è Formation è Investissements appuyés sur |
Umih (Union des métiers et industries de l'hôtellerie) |
è L'Umih s'engage à diffuser des conseils clairs et répétés dans le sens d'une baisse des prix d'au moins 5 points en moyenne | è Augmentation des
salaires de 10 % pour le personnel de la restauration (avenant à la convention
collective) è Plan emploi-formation è Investissements |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2831 Hebdo 24 Juillet 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE