du 30 octobre 2003 |
CONJONCTURE |
AUJOURD'HUI, L'EUROPE
par Mme Margie SUDRE - Ancien ministre - Député au Parlement européen - Présidente de la délégation française du groupe PPE-DE
L'année
2002 s'était achevée à Copenhague par une décision réconciliant le continent
européen avec ses racines et ses frontières historiques : cette année-là restera
incontournablement dans les annales de l'histoire de la construction européenne, car par
un heureux hasard - mais aussi du fait d'un travail intense et très méritoire de
l'Union, et surtout des pays candidats - le processus d'élargissement lancé en 1993 à
Copenhague, où furent définis les fameux critères économiques et politiques dont ceux
relatifs à la démocratie, à l'Etat de droit et aux droits de l'Homme, s'est conclu en
ce même lieu 10 ans plus tard, officialisant de manière définitive un nouvel
élargissement de l'Union européenne, et ce faisant, a scellé la réunification
pacifique de la vieille Europe.
Que de progrès réalisés au cours des 50 dernières années, que de barrières abattues,
d'incompréhensions dépassées, pour enfin travailler ensemble, à 25 (avec l'adhésion
d'ici le 1er mai 2004 de Chypre, de l'Estonie, de la Hongrie, de la Lettonie, de la
Lituanie, de Malte, de la Pologne, de la République tchèque, de la République slovaque
et de la Slovénie), et bientôt à 27 (avec l'adhésion d'ici 2007 de la Bulgarie et de
la Roumanie).
Nous avons malheureusement trop d'occasions de nous lamenter sur les lenteurs du processus
communautaire, sur les impuissances ou les ratés de l'Union pour ne pas cacher notre
satisfaction et communiquer notre enthousiasme à nos concitoyens.
Certes, la route est encore longue et difficile, nul ne s'y méprend. Ce que nous voulons,
c'est une Europe qui assure, pour tous ses citoyens, le progrès, la liberté, la justice
et la sécurité, à partir des valeurs qui sont communes à l'ensemble des pays
européens et qui doivent influer sur le monde de demain.
En cette fin d'année 2003, tous les efforts doivent porter sur l'achèvement des travaux
des gouvernements européens réunis depuis quelques semaines en Conférence
intergouvernementale (CIG) et reprenant les résultats de la Convention présidée par
Valéry Giscard d'Estaing qui, après 18 mois de concertation avec les représentants des
25 pays de l'Union, propose aujourd'hui un projet de Constitution européenne.
Ce projet de Constitution unique, lisible, pour une Europe à la fois plus efficace, plus
démocratique et ressentie comme plus légitime par les Européens, afin que sa
réunification ne se traduise pas par un affaiblissement de l'ambition politique de
l'Union, mais par un gain en stabilité, en visibilité et en influence, répond à
l'exigence d'une profonde modification de son mode de fonctionnement et de ses
institutions. Car ce qui est aujourd'hui encore faisable, mais déjà pas toujours aisé
à 15 pays (lorsqu'il faut un accord unanime autour d'une décision avant que celle-ci
soit mise en application), deviendra totalement impossible lorsque l'Union européenne
comportera 25, voire 27 pays différents.
Il ne faudrait surtout pas que les difficultés encore à venir, réelles et objectives,
occultent ce qui doit constituer la fierté et la spécificité des Européens du XXIe
siècle : la paix et la stabilité ainsi que l'unification politique et économique
de leur continent, autrement que par les armes et par l'asservissement de leurs peuples
sous le joug du plus puissant d'entre eux. zzz20a
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L'Hôtellerie Restauration n° 2845 Hebdo 30 octobre 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE