du 29 janvier 2004 |
LICENCE IV |
La revente du tabac bénéficie désormais de textes officiels. Une 'légalisation' réclamée par l'ensemble des professionnels. Dans quel état d'esprit s'applique cette nouvelle réglementation ? Commentaires et réactions.
Bernard Fleury, vice-président de la
Confédération des débitants de tabac, commente avec nous les nouveaux textes tabac.
Un an de travaux a été nécessaire aux services des douanes, en discussion notamment avec la Confédération des débitants de tabac de France, pour arriver au bout du décret et de l'arrêté parus au JO du 18 janvier 2004. Ces textes concernent en partie les buralistes. Ils dressent surtout un cadre législatif à la revente (lire détails pages 12 et 13). Autre fait important dans le contexte politique et social actuel, ils sont cosignés par le ministre délégué au Budget, Alain Lambert, le ministre de l'Economie et des Finances, Francis Mer, et, nouveauté de taille, par le ministre de la Santé, Jean-François Mattéi. Certains voient cette signature comme une réponse, quelque part, à la demande du réseau d'être, à l'avenir, un 'partenaire' dans la politique de santé publique. Pour Bernard Fleury, vice-président de la confédération, en charge de la réglementation et des relations avec les douanes, il était surtout important d'établir des règles de revente. "Vous savez, jusqu'ici, en cas de litige, les choses étaient discutables. De simple tolérance, l'activité est devenue officielle. Les textes ont été rédigés dans un esprit pragmatique." Parmi les mesures qui restent en place et font d'ores et déjà grincer des dents les revendeurs, ceux-ci doivent se fournir en cigarettes et tabac à rouler dans le débit le plus proche de chez eux. "C'est dommage qu'il n'y ait pas de souplesse à ce niveau-là, regrette un restaurateur corrézien. On nous impose désormais d'avoir des marques d'au moins 3 fabricants, mais on ne nous laisse pas la possibilité de nous fournir dans au moins deux endroits différents. Ce n'est pas toujours facile de se fournir en zone rurale vous savez."
Marge imposable
Défenseur du monopole, Bernard Fleury estime qu'une ouverture à deux ou plusieurs points
de vente aurait posé problème lors des cessions de débits. "La vente porte sur
un volume d'affaires global qui incorpore la revente. Si le pourcentage varie d'un
établissement à l'autre, il constitue pour certains débits une part significative. Je
pense notamment à des établissements situés à proximité de discothèques ou en bord
de mer. La profession est déjà fragilisée. Je ne crois pas qu'il aurait été bon pour
personne de modifier cette donne." Passer de 10 à 50 kg de stocks est-il bon ?
"Les revendeurs ont désormais droit, effectivement, de posséder jusqu'à 50 kg
de tabac à la fois. Je pense que cela facilitera les choses pour les gros
établissements. Mais je tiens à rappeler que des buralistes n'ont même pas cette
quantité en stock, et que les revendeurs doivent payer comptant. Les buralistes n'ont pas
le droit de vendre le tabac à crédit." Les cigares bénéficient d'un régime
spécifique. Les revendeurs peuvent choisir librement leur débit de rattachement. Le
texte, tel qu'il est rédigé, ne prévoit aucune limite géographique. "Le
revendeur, reprend Bernard Fleury, a toutefois l'obligation de se fournir sur le
territoire français. Je ne pense pas que les douanes acceptent que quelqu'un de Lille se
fournisse à Marseille..." Des douanes qui vont pouvoir désormais effectuer tous
les contrôles qu'ils souhaitent.
Rigueur
"Je ne suis pas sûr qu'il faille voir ça comme ça, estime un membre de la
Confédération des professionnels indépendants de l'hôtellerie (CPIH). La revente
étant reconnue, il est normal, dès lors, qu'elle soit définie dans ses modalités
d'exercice." La rigueur s'impose néanmoins aux candidats à la revente cette
année. Les 'avantages acquis' peuvent être à double tranchant, comme le prix de vente
désormais libre, dès lors qu'il est au moins égal ou supérieur au prix de vente dans
les débits de tabac*. Ipso facto, la marge faite par le revendeur est imposable. Un
cafetier parisien s'interroge : "Va-t-on devoir appliquer une TVA et à quel taux
? J'ai l'impression que les obligations qui m'incombent maintenant, en tant que revendeur
de cigarettes, sont plus lourdes qu'avant. Ce n'était qu'un service qu'on rendait au
client. Je ne sais pas si le jeu en vaudra la chandelle." Un autre cafetier,
moins inquiet, préfère parler d'un "assainissement" du marché. "Il
y aura plus de contrôles possibles et par conséquent moins de contrebande.
Personnellement, j'estime que ce sera meilleur pour l'image du secteur." Les
textes reviennent également sur l'exercice du métier de buraliste. Les conditions de
prises de congé des débitants ont été assouplies. Le débitant peut se faire remplacer
par un suppléant désigné dans le traité (associé, conjoint, paxé, etc.), et autre
nouveauté : la possibilité de s'absenter pour raison syndicale 'dûment déclarée'. Les
plages horaires du débit sont aussi dissociées des activités annexes. Auparavant, un
tabac devait maintenir en même temps toutes les activités de l'établissement. En dehors
du Contrat pour l'avenir des buralistes signé entre le gouvernement et la profession, qui
fige, durant le moratoire de 4 ans, toute nouvelle création de débit, le législateur a
fixé un nouveau quota qui porte le nombre de débit à 1 pour 3 500 habitants (il était
de 1 pour 2 000).
S. Soubes
Tous les prix des tabacs au 5 janvier 2004
Cigarettes - produits
fabriqués par la SEITA
Cigarettes - produits distribués par la SEITA
Scaferlatis - produits fabriqués par la SEITA
Scaferlatis - produits distribués par la SEITA
Cigares - produits fabriqués par la SEITA
Cigares - produits distribués par la SEITA
Tabacs à priser et tabacs à macher - produits
distribués par la SEITA
Le décret d'application de
l'interdiction de vente de tabac aux moins de 16 ans devrait bientôt sortir En juillet 2003, l'Assemblée nationale adoptait la proposition de loi sur l'interdiction de vente du tabac aux moins de 16 ans. Le décret d'application est annoncé d'ici à la fin février au plus tard. Selon nos sources, il permettra aux débitants d'exiger auprès des acheteurs un document justifiant de l'âge avec photo, en cas de doute. D'autre part, une affiche explicative, reprenant la loi, sera apposée dans les débits. Le dispositif devrait également concerner la revente. |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2857 Hebdo 29 Janvier 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE