du 15 avril 2004 |
L'ÉVÉNEMENT |
< AUX RENCONTRES PARLEMENTAIRES SUR LE TOURISME
Paul Dubrule et Jean-Jacques Descamps ont invité parlementaires et responsables économiques à réfléchir sur l'impact du tourisme dans le développement économique
local. Des échanges constructifs qui concluent à la nécessité de retrousser ses manches.
"Face à une offre mondiale très diversifiée et forts de nos ressources nationales dont il faudra bien apprécier les conditions de qualité et de sécurité, nous avons besoin de professionnalisme pour mettre en forme ces ressources..." Jean-Jacques Descamps, ancien ministre du Tourisme |
"La France se trouve à un tournant : les voies d'exploitation et de gestion du formidable potentiel touristique de notre pays doivent être remises en cause et un examen secteur par secteur serait sans doute nécessaire afin de mettre au jour les actions précises à entreprendre." Paul Dubrule, sénateur de Seine-et-Marne |
Et
de trois ! Le sénateur de Seine-et-Marne, Paul Dubrule, a invité, mardi 6 avril dernier,
pour la troisième année consécutive, les responsables politiques et économiques à
débattre de l'importance du tourisme dans le développement économique local. Une
démarche qu'il a entreprise cette année en association avec Jean-Jacques Descamps,
ancien ministre du Tourisme et actuel député-maire de Loches. Un duo de choc, qui a
réussi en vérité à mobiliser bon nombre de parlementaires, députés et sénateurs.
D'autant plus facilement que les deux hommes en connaissent un rayon en matière
d'économie touristique. Et que la France occupe aujourd'hui encore la première place au
hit-parade des destinations touristiques mondiales.
Il ne faut en effet, ni à l'un ni à l'autre, leur en conter question tourisme. En
témoigne leur curriculum vitæ. Paul Dubrule est l'un des deux coprésidents du groupe
Accor. Quant à Jean-Jacques Descamps, il a été, entres autres l'initiateur de Maison de
la France. De quoi permettre à ces deux hommes d'affirmer haut et fort que "plutôt
que de se demander ce que le secteur du tourisme peut obtenir de l'Etat, mieux vaudrait se
demander ce que le tourisme peut apporter à celui-ci".
"Un potentiel considérable"
Ces deux protagonistes estiment de fait que "la France dispose d'un potentiel
touristique considérable, mais qui n'est pas utilisé de façon optimale".
Autrement dit, les deux parlementaires en appellent à une meilleure mise en réseau des
actions et des territoires. Sans oublier une amélioration des relations entre les
partenaires publics et privés. Points qu'ils n'ont pas hésité à aborder de manière
frontale lors de deux tables rondes qui animaient cette 3e rencontre.
Intitulée 'Tourisme et développement local : la nécessité de partenariat public
et privé', l'une de ces tables rondes, présidée par Paul Dubrule, a ainsi clairement
mis en évidence les difficultés à finaliser des projets touristiques en partenariat
public-privé. "Si les problèmes ont été posés, les pistes de solution n'ont
que peu émergé", a indiqué le sénateur de Seine-et-Marne à l'issue de cet
atelier. Parmi les participants, Nicolas Jacquet, délégué à l'aménagement du
territoire et à l'action régionale (Datar), a effectivement souligné qu'il revenait aux
collectivités locales d'investir dans les infrastructures.
Du pain sur la planche
De son côté, Philippe Moisset, chargé du développement des projets touristiques
à la direction des financements décentralisés à la Caisse des dépôts et
consignations, a exposé les problèmes d'organisation du partenariat public et privé,
devant lequel se présentent de nombreux obstacles, alors même que les fonds existent et
sont disponibles... Enfin, Jean-Marc Espalioux, président du directoire d'Accor, a, lui,
insisté sur la nécessité de faire émerger un "modèle France" et
plaidé pour une classification beaucoup plus simple de l'offre touristique de notre pays.
Autant d'interventions qui ont conduit Paul Dubrule à résumer les travaux de la
manière suivante : "D'une façon générale, il est clair que la France se trouve
à un tournant. Les voies d'exploitation et de gestion du formidable potentiel touristique
de notre pays doivent être remises en cause et un examen secteur par secteur serait sans
doute nécessaire afin de mettre au jour les actions précises à entreprendre. Sans
risque et sans se tromper, on peut donc dire qu'il y a du pain sur la planche pour
l'ensemble des acteurs du secteur !"
Autour de Jean-Jacques Descamps, le second atelier a été l'occasion de présenter
différentes expériences liant tourisme et développement local. A commencer par celle du
Club Med à travers le cas de La Palmyre, près de Royan, où un nouveau village a été
ouvert récemment, dont les premières retombées économiques directes se chiffrent
déjà à plus de 3 Me. Croissance des low costs, création de magasins d'usine, festivals
tels les Francofolies, tourisme de santé, Vulcania ont également illustré les propos
d'autres intervenants. Le tout témoignant une nouvelle fois que notre pays dispose d'un
patrimoine qui permet toutes les aventures touristiques.
"Pourvu cependant que chacun choisisse bien son potentiel et ses atouts et
les mette en valeur de façon professionnelle, a précisé Jean-Jacques Descamps. Les
régions doivent aujourd'hui aller chercher leurs clients et ne pas attendre qu'ils
viennent par eux-mêmes." Concrètement, les débats ont en réalité insisté
sur l'idée que les principes du marketing s'appliquent pleinement au tourisme. Les termes
'professionnalisation', 'formation' et 'adaptation' ont du reste été souvent prononcés.
"Les élus et la puissance publique doivent y aider. Tel est leur rôle. Tout le
monde gagnerait en outre à ce que nos structures soient simplifiées et à ce que
certains clivages historiques soient dépassés", a conclu l'ancien ministre du
Tourisme.
Un défi difficile à relever
Des rencontres qui s'avèrent donc riches d'enseignements, et qui ont montré que la
France demeure perfectible s'agissant d'économie touristique. Reste maintenant à savoir
si les grandes lignes de réflexion qui ont émané de ces débats seront rapidement
suivies des faits. Espérons-le ! Car en 2020, "l'Europe va doubler le nombre de
ses arrivées et le monde va le voir tripler", selon Francesco Frangialli,
secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT). Et la France devra
être fin prête si elle veut profiter de cette manne. Mais le défi s'annonce d'ores et
déjà difficile à relever au regard de la concurrence. En tous les cas, Paul Dubrule et
Jean-Jacques Descamps ont alerté les 'foules'. A bon entendeur, salut !
C. Cosson zzz16
QUEL TOURISME EN
FRANCE EN 2020 ? Les pistes de réflexion du ministère du Tourisme Deux scénarios principaux sont possibles pour le directeur
de cabinet du ministre délégué au Tourisme, Alain Bodon. Dans le premier cas, la France
verra sa clientèle européenne devenir une clientèle de court séjour, concentrée sur
quelques lieux de grande notoriété culturelle et ludique. Les destinations de tourisme
urbain stagneront. Les nouvelles clientèles des pays émergents se concentreront à
Paris. Les stations de montagne connaîtront une baisse de fréquentation. En été, elles
continueront de perdre de la clientèle. Les stations littorales les plus anciennes et les
moins connues perdront elles aussi des parts de marché. |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2868 Hebdo 15 avril 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE