du 22 avril 2004 |
ÉDITO |
La complainte n'est certes pas nouvelle chez les
consommateurs qui jugent depuis longtemps excessif le prix du vin au restaurant. Pendant
des lustres, les professionnels ont expliqué que les coefficients appliqués par le fisc
les contraignaient à suivre un barème défavorable aux clients, argumentation qui
n'était guère convaincante mais avait le mérite d'évacuer le problème sans trop
d'explications à avancer.
Mais il y a quand même presque 20 ans que la profession a obtenu la liberté et ne
peut éluder la délicate question de ses prix.
D'autant, selon les plus récentes enquêtes d'opinion sur la question, que les
consommateurs perçoivent l'inflation... au double de la réalité statistique (pour la
France, 4 % au lieu de 2 %, et c'est encore pire en Allemagne, 7 % au lieu de 2 % !).
Or, ne l'oublions pas, la restauration n'est pas fondamentalement une prestation de
première nécessité : en d'autres termes, on peut très bien se passer de déjeuner ou
de dîner dehors, ce qui explique en ces jours incertains une activité en dents de scie,
voire carrément, ici et là, des chutes de fréquentation anormales et durables. Alors,
il faut bien se poser la question : et si la restauration était trop chère ?
Globalement, certes, il y en a pour tous les goûts, et par rapport aux autres pays
européens, la comparaison est plutôt en faveur de l'Hexagone, surtout au niveau de la
qualité et du plaisir culinaire.
Il n'empêche, attention à la perception des consommateurs, aujourd'hui gavés de
publicité fondée sur les plus bas tarifs, les remises les plus fortes, les facilités de
règlement et j'en passe.
Sans sombrer dans les excès d'un 'yield management' mal maîtrisé, il serait
peut-être temps de rechercher les moyens de communiquer clairement vis-à-vis de la
clientèle qui, majoritairement, marque ses préférences pour les prestations à moindre
coût, comme l'illustre le succès des compagnies aériennes low cost.
Par exemple en corrigeant certaines distorsions de tarifs parfois surprenantes, comme
cela peut être constaté sur le prix du vin. Est-il cohérent de proposer de sympathiques
menus-cartes à 20 ou 24 e et de démarrer sa carte des vins avec des appellations de pays
à 26 ou 28 e ? La réponse n'est peut-être pas évidente, mais la question mérite
d'être posée.
L. H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 2869 Hebdo 22 avril 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE