du 20 mai 2004 |
HÉBERGEMENT |
Cannes
C'est la période du festival, médiatique entre toutes, que les employés des palaces cannois ont choisie pour lancer un mot d'ordre de grève. Mais si les arrêts de travail agacent les hôteliers, ils n'ont pas vraiment perturbé l'accueil de la clientèle, si huppée et exigeante soit-elle.
Alors que les hôteliers craignaient que le conflit des intermittents vienne gêner le bon déroulement du Festival de Cannes, les perturbations sont venues de leur propre rang. La première montée des marches à peine terminée, l'intersyndicale CGT-FO-CGC-CFTC a lancé un appel à la grève au Carlton, l'un des palaces les plus en vue de ce festival puisqu'il accueille Quentin Tarantino, président du jury. Les revendications touchent à la fois les conditions de travail et le salaire, les grévistes réclamant un accroissement des effectifs, une revalorisation de 5 % des salaires et l'étude d'une augmentation de la participation.
Au mauvais moment
Pour la direction de l'hôtel, ce conflit social est pour le moins inopportun. Le
directeur de l'établissement, Didier Boidin, souligne que cet arrêt de travail "en
plein festival du film" risque fort de porter "gravement atteinte à nos
activités et à l'image du Carlton".
Il rappelle également que plusieurs mesures ont déjà été consenties :
augmentation générale des salaires de 3 % et embauche de salariés en CDI en fin de
saison. Elles sont d'ailleurs venues s'ajouter à d'autres décisions prises au cours des
derniers mois (nouvel accord d'intéressement pour une durée de 3 ans et signature d'un
nouveau contrat de prévoyance). Au total, souligne la direction, ces différentes mesures
"constituent un effort très important de la part de la société et améliorent
de façon significative les conditions d'emploi de l'ensemble du personnel".
Moyen illégitime de pression
Dans ces conditions, pas question de céder à ce que Didier Boidin qualifie de
"moyen illégitime de pression". Face à ce blocage de la situation, il
faut bien s'organiser. La brasserie de l'hôtel a été fermée, mais aucun dîner ou
manifestation prévus n'a été annulé. Des cadres ont donc été mobilisés par la
direction pour remplacer le personnel manquant. "Je tire un grand coup de chapeau
à tous les employés qui restent, ajoute le directeur. Les employés présents ont
joué le jeu et l'équipe de direction s'est retroussée les manches, ce qui a permis de
dynamiser les énergies.". Des cadres ont donc été mobilisés par la direction
pour remplacer le personnel manquant. Les quelque 160 grévistes sur les 500 employés de
l'établissement sont conscients que leur action perturbe le service, forcément retardé.
Mais ils affirment "faire cette grève à contrecur, pour que demain le
client du Carlton soit mieux servi".
Mais partie du Carlton, cette grève pourrait bien se diffuser à l'ensemble des
palaces cannois. C'est en tout cas la menace qui guettait la Croisette à la fin du
week-end, lorsqu'a été créée une intersyndicale regroupant le Carlton, le Noga Hilton,
le Gray d'Albion, le Majestic et le Martinez.
Pourtant, si l'appel à un arrêt du travail a bien été lancé, il n'a été que
faiblement suivi : aucun gréviste au Martinez, une dizaine seulement au Majestic et
quatre au Noga Hilton. Sur le millier d'employés que comptent les palaces cannois, seuls
200 ont manifesté lundi midi sur la Croisette.
"Tout est fait pour profiter de la période du festival très chargée pour
mettre la pression, déplore Michel Chevillon, président du Syndicat des hôteliers
de Cannes et environs. A mon sens, c'est un moment très mal choisi puisqu'il s'agit
d'une période importante pour l'image de notre métier. L'ensemble des hôteliers de la
ville reste très concentré sur cet accueil et les clients sont servis pour le mieux. Je
pense que cela ne fera finalement pas tache d'huile, mais il faut rester vigilant."
Reste que ce Festival marquera la direction du Carlton. "Ce sera le Festival le
plus dur, physiquement et nerveusement, avoue Didier Boidin, mais aussi un des plus
grands, car je suis sincèrement ému de voir comment l'équipe a pu réagir et
transformer une situation plus que difficile en un grand esprit de groupe."
E. Bousseau zzz36v zzz74v
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