du 15 juillet 2004 |
ÉDITO |
Alors que la profession sattache à
établir des relations sociales fondées sur un équilibre acceptable par toutes les
parties concernées, le travail clandestin resurgit dans le débat comme sil
sagissait dun élément en quelque sorte incontournable de la gestion
dune entreprise.
Malgré les sévères mises en garde réitérées il y a
quelques semaines par Jean-Louis Borloo, ministre de la Cohésion sociale, largument
reste ancré dans les esprits dès que lon aborde les questions demploi et de
salaires dans la profession. Comme si de rien nétait, tant le travail au
noir semble constituer un phénomène finalement acceptable et accepté sans
problème particulier.
Dernier exemple médiatisé de ce qui reste un fléau redoutable pour les salariés comme
pour les entreprises : dans un reportage consacré aux saisonniers (cest de
circonstance
) par Le Journal du Dimanche qui a enquêté dans les
Pyrénées-Orientales, un employé de crêperie sexclame : Aujourdhui,
je gagne deux fois moins quil y a dix ans car je suis déclaré. Cet aveu de
bonne foi ne peut que susciter de nombreuses interrogations, auxquelles il est urgent
dapporter des réponses si possible réalistes.
Pour lintéressé, même si sa réaction nexprime quune vue à court
terme forcément dramatique lorsque sonnera lheure du calcul de la retraite, elle
exprime néanmoins une opinion largement répandue sur la faiblesse des rémunérations.
Dailleurs, Nicolas Sarkozy, dont les analyses ne sont pas toutes fondées sur des
calculs politiciens, vient de mettre le doigt sur le problème en déclarant que le
principal obstacle à une reprise économique forte se trouve dans le trop faible pouvoir
dachat des salariés. Cest en raison de ce constat que laccord en voie
dachèvement dans la profession prend un relief particulier dont il faut se
féliciter, malgré les réticences naturelles dune partie de la représentation
syndicale.
En revanche, considérer le travail clandestin comme une pratique courante nest pas
acceptable. Non seulement il sagit dun acte pénalement répréhensible qui
peut entraîner de lourdes condamnations, mais cest également une atteinte à la
concurrence qui pénalise les entreprises honnêtes, qui crée des distorsions
dangereuses, multiplie les situations de précarité, sans oublier limage
déplorable qui rejaillit sur lensemble du secteur. Les négociations en cours sont
loccasion déradiquer ce fléau aussi nuisible que le paracommercialisme, et
de mettre fin à une aussi dangereuse illusion : si un établissement ne peut fonctionner
quavec une part de rémunérations occultes, a-t-il véritablement sa place sur le
marché ?
L. H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 2881 Hebdo 15 juillet 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE