du 29 juillet 2004 |
COURRIER DES LECTEURS |
Compte tenu du fait que le dernier avenant des CHR qui fait disparaître le Smic hôtelier en contrepartie d'une aide patronale n'est pas encore applicable, quelle est votre position pour les paies du mois de juillet ? Peut-on renoncer au Smic hôtelier pour le Smic de droit commun et risquer de ne pas bénéficier de l'aide promise de 114 e environ si le projet n'aboutit jamais ? Est-ce intéressant financièrement de renoncer tout de suite au Smic hôtelier ? (V. B. par courriel)
Nous rappelons à nos lecteurs que la
suppression du Smic hôtelier, c'est-à-dire la suppression de la déduction de la
demi-nourriture dans le salaire espèces prévue par l'accord qui vient d'être signé
entre l'Umih et le GNC et trois organisations salariées (FO, CFTC et CGC), n'est pas
encore obligatoire. Il faut attendre le respect de la procédure d'extension qui rendra
cet accord obligatoire à tous les employeurs des CHR.
Mais ce choix est obligatoire pour les employeurs qui
veulent bénéficier dès le 1er juillet 2004 de la prime à l'emploi CHR prévue par
Nicolas Sarkozy.
C'est la raison pour laquelle, dans L'Hôtellerie n° 2880 du 8 juillet 2004, nous
vous avions proposé pour une durée du travail de 39 et 37 heures, deux modèles de
bulletins de paie, l'un avec le Smic hôtelier et l'autre avec le Smic de droit commun.
Nous vous proposons donc de faire la comparaison du coût réel pour l'employeur qui
décide d'abandonner le Smic hôtelier pour le Smic de droit commun. En effet, la
suppression de la déduction de la demi-nourriture va non seulement engendrer une
augmentation du salaire brut de 67,32 e, mais entraînera aussi une augmentation des
charges sociales et une diminution de l'allégement Fillon. Faites vos comptes.
Pour les entreprises à 39 heures
Smic
hôtelier 39 heures Salaire brut : 1 353,41 e Charges patronales : 552,18 e All. Fillon : 330,23 e |
Smic droit
commun 39 heures Salaire brut : 1420,73 e Charges patronales : 595,28 e All. Fillon : 304,03 e |
Coût
supplémentaire + 67,32 e + 43,10 e + 26,20 e + 136,62 e - 114,40 e + 22,20 e |
La suppression du Smic hôtelier représente donc une augmentation par salarié de 136,62 e (67,32 + 43,10 + 26,20) pour bénéficier de la prime à l'emploi de 114,40 e, soit un coût effectif de 22,20 e. Si cette prime à l'emploi permet effectivement aux employeurs de revaloriser les bas salaires, elle ne couvre pas la totalité du coût supplémentaire engendré pour les entreprises.
Pour les entreprises à 37 heures
Smic
hôtelier 37 heures Salaire brut : 1 287,43 e Charges patronales : 539,44 e All. Fillon : 311,56 e |
Smic
droit commun 37 heures Salaire brut : 1354,75 e Charges patronales : 567,64 e All. Fillon : 285,85 e |
Coût
supplémentaire + 67,32 e + 28,20 e + 28,20 e + 121,23 e - 114,40 + 6,83 e |
La suppression du Smic hôtelier représente donc une augmentation par salarié de 121,23 e (67,32 + 28,20 + 25,71) pour bénéficier de la prime à l'emploi de 114,40 e, soit un coût effectif de 6,83 e. Si cette prime à l'emploi permet effectivement aux employeurs de revaloriser les bas salaires, elle ne couvre pas la totalité du coût supplémentaire engendré pour les entreprises. Il est vrai que pour ces entreprises à 37 heures, la différence est moindre. zzz60r
La signature de l'accord jeudi matin implique-t-elle son application définitive ? Savez-vous concrètement qui profite de cette 6e semaine de congés payés ? (Joël sur le Forum de L'Hôtellerie)
Non ! L'accord n'est pas encore applicable. Pour qu'il
soit applicable et rendu obligatoire à toutes les entreprises des CHR, il doit encore
être étendu selon une procédure administrative bien précise. L'accord ne sera
applicable que le premier jour du mois qui suivra l'arrêté ministériel d'extension.
D'aucuns parlent d'une extension probable pour le mois d'octobre ou novembre 2004, en
raison de la volonté du gouvernement de voir cet accord étendu le plus rapidement
possible.
Il est vrai que l'article 11 de cet
accord prévoit pour les salariés l'octroi de 6 jours ouvrables de congés payés
supplémentaires, à raison de 0,5 jour par mois de travail effectif. Ces jours devraient
bénéficier à une majorité de salariés, y compris les temps partiels et les salariés
en CDD comme les saisonniers. Mais l'accord prévoit que ces dispositions sur ces jours
conventionnels ne seront applicables qu'à partir de la période de référence qui suivra
l'extension de l'accord, soit du 1er juin 2005 au 31 mai 2006. C'est donc les saisonniers
qui pourront bénéficier de ces jours proportionnellement à la durée de leur contrat
dès l'année 2005. Mais les salariés en contrat à durée indéterminée devront
attendre la fin de la période de référence, pendant laquelle ils vont comptabiliser ces
jours pour en bénéficier à partir du 1er mai 2006. Jours qui, nous vous le rappelons,
seront pris ou payés par l'employeur.
zzz60r
Avec tous ces changements, pourriez-vous nous donner des éclaircissements ? Quand saurons-nous calculer l'allégement Sarkozy ? C'est un vrai casse-tête chinois, et pour l'instant je ne vois pas encore comment nous serons gagnants. (I. A. par courriel)
NAF | Secteur | Coefficient de proratisation |
% CA restau/CA total |
Montant de la prime |
55.1A | Hôtels touristiques avec restaurant | 80 % | 50 % | 57,20 e |
55.1C | Hôtels de tourisme sans restaurant | 100 % | 18 % | 25,70 e |
55.1D | Hôtels de préfecture | 80 % | 17 % | 19,40 e |
55.2A | Auberges de jeunesse, refuges | 80 % | 4 % | 4,60 e |
55.2C | Campings | 80 % | 4 % | 4,60 e |
55.2E | Autres hébergements touristiques | 80 % | 4 % | 4,60 e |
55.3A | Restauration traditionnelle | 80 % | 100 % | 114,40 e |
55.3B | Restauration rapide | 80 % | 50 % | 57,20 e |
55.4A | Cafés-tabacs | 50 % | 80 % | 57,20 e |
55.4B | Débits de boissons | 50 % | 100 % | 71,50 e |
55.5D | Traiteurs | 80 % | 43 % | 49,20 e |
N.B. : La base de
calcul est désormais de 143 e contre 150 e dans le plan initial. Nous vous rappelons que 143 e n'est qu'une base de calcul, que personne ne perçoit. |
Avant toute chose, il est absolument
nécessaire de rappeler que cette prime à l'emploi est prévue par l'article 4 du projet
de loi pour le soutien à la consommation et à l'investissement, qui a été adopté par
le Parlement. Cependant, les conditions et les modalités d'application de cette aide
doivent encore être précisées dans un décret qui sera publié ultérieurement.
En attendant, nous vous proposons les dernières modalités
qui ont été négociées entre les organisations patronales et le gouvernement. Ce sont
ces montants que l'on doit retrouver dans le décret d'application à venir. Décret qui
sera donc applicable par rétroactivité à compter du 1er juillet 2004.
Dans ce dernier projet, le montant maximum de la prime bénéficie à toutes les
entreprises du secteur qui renoncent à appliquer le Smic hôtelier pour le Smic de droit
commun. Ensuite, pour les entreprises qui payent un salaire supérieur ou égal au
Smic de droit commun, seuls les
restaurateurs percevront une prime maximum de 114,40 e par mois et par salarié. Pour les
autres entreprises, le montant de la prime varie selon la nature de leur activité, et est
déterminée selon les montants figurant dans le tableau ci-dessous.
En conséquence, un hôtelier sans restaurant qui paye des
salariés au Smic hôtelier et des salaires supérieurs au Smic pourra percevoir deux
types de primes par mois et par salarié : une de 114,40 e pour tous les salariés à qui
il aura supprimé le Smic hôtelier, et une autre de 25,70 e pour les autres salariés.
Pour connaître le montant de la prime pour chaque secteur d'activité dont les salariés
bénéficient d'un salaire au moins égal au Smic de droit commun, il faut prendre la base
de calcul de 143 e qu'on multiplie par un coefficient de proratisation et par un autre
coefficient, déterminé selon le rapport de la part du CA restauration sur le CA total. zzz60r
Je voudrais savoir si l'allégement de charges de 114 e remet en cause l'allégement Fillon. Cet allégement de 114,40 e s'applique-t-il à tous les salariés, y compris ceux qui ont un salaire supérieur au Smic ? (D. L. de Nantes)
Non ! La prime à l'emploi viendra en
complément de l'allégement Fillon. Quant à la prime dans son montant maximum de 114,40
e, elle bénéficiera principalement aux salariés des restaurateurs, qu'ils soient payés
au Smic hôtelier ou à un salaire supérieur au Smic. Les restaurateurs percevront donc
114,40 e par mois et par salarié et ce, quel que soit le salaire versé.
Par contre, il est vrai que pour les autres secteurs
d'activité comme par exemple les hôtels et les débits de boissons, ils ne pourront
bénéficier de cette prime de 114,40 e que pour les salariés qui étaient payés au Smic
hôtelier et pour lesquels ils supprimeront la déduction de la valeur de la
demi-nourriture dans le salaire de base. Pour les salariés payés au-dessus du Smic de
droit commun, le montant de l'aide est forfaitaire et est déterminé en fonction de
l'importance de l'activité de restauration sur place, hors boissons alcoolisées, dans
l'activité de l'entreprise.
En conséquence, pour un salarié payé au-dessus du Smic, un hôtelier percevra une aide
de 25,70 e par mois et par salarié, et un débitant de boissons, lui, percevra une aide
de 71,50 e par mois et par salarié. Pour plus de détails, consulter le tableau reproduit
dans le courrier ci-dessus. zzz60r
Rubrique animée par Pascale Carbillet et Tiphaine Beausseron.
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L'Hôtellerie n° 2883 Hebdo 29 Juillet 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE