du 16 décembre 2004 |
LICENCE IV |
QUEL AVENIR POUR LES BISTROTS ?
CERTAINS CAFÉS PROGRESSENT, MAIS UNE PARTIE DOIT ENCORE SE REMETTRE EN CAUSE
Alors que la charte de qualité des cafés, bars, brasseries fait officiellement partie de la marque Qualité France depuis les 2es Assises nationales du tourisme, Marc Lambelin, président de la Fédération nationale des boissons, fait pour nous un état des lieux du secteur. Interview.
Propos recueillis par Sylvie Soubes
Marc Lambelin a présenté la nouvelle charte de Qualité des cafés, bars, brasseries à Angers, lors du congrès de la Fédération nationale des boissons. |
L'Hôtellerie Restauration :
Comment percevez-vous le milieu du café et de la restauration actuellement ?
Marc Lambelin : Ce secteur bouge énormément. Il y a 20 ans, où
pouvait-on boire et manger hors de chez soi ? C'était dans les cafés, les bars et dans
les restaurants. Aujourd'hui, l'offre est éclatée. Il existe désormais des formes très
différentes de restauration. Le parc est en mutation. Le café n'est plus un lieu où
l'on sert à boire, c'est un endroit où l'on vient passer un bon moment. Il est
d'ailleurs faux de dire que la profession chute. Il y a des affaires en progression.
Celles-ci sont dirigées par des chefs d'entreprise qui ont compris qu'il fallait un
thème. Ils représentent environ un tiers. Un deuxième tiers a toutes les possibilités
d'évoluer mais a besoin d'aide pour y parvenir. C'est pour eux que nous mettons beaucoup
de temps et d'énergie dans l'opération Qualité France. Le reste des établissements est
encore appelé, malheureusement, à disparaître. Ils sont entre les mains de
non-professionnels, qui n'ont pas la capacité à se remettre en cause.
La charte de
qualité des cafés, bars, brasseries fait donc officiellement partie du plan Qualité
France. Qu'attendez-vous de cette charte ?
Nous voulons que les bons soient reconnus dans notre charte, et amener à être bons ceux
qui ne le sont pas encore tout à fait. Comment ? Grâce à une charte explicite et grâce
au dialogue. Le moment est propice. Il n'y a pas si longtemps, il était très difficile
de parler de la qualité des prestations avec un cafetier. Aujourd'hui, les gens sont plus
ouverts et acceptent plus volontiers qu'on les interpelle sur leur métier. Nous avons
prévu un contrôle tous les 3 ans. Personnellement, je trouve ça trop long. Je serais
pour ajouter des visites intermédiaires, dont l'objectif ne serait pas de contrôler mais
de motiver. Elles pourraient être effectuées par un collectif représentant syndicats et
distribution, par exemple. Ces visites viendraient après le passage de clients mystères.
Ce dont souffre une partie des professionnels, c'est d'être, en fait, seuls. De ne pas
avoir un oeil extérieur, de ne pas avoir le temps de prendre du recul par rapport à ce qu'ils font. Le but de la charte est
d'élever le niveau des prestations pour qu'ils aient davantage de clients, tout
simplement. Il ne s'agit pas d'ingérence, j'insiste. Nous voulons seulement sensibiliser
les gens et leur montrer qu'en changeant certaines choses, ils peuvent avancer eux aussi.
2004 n'est
pas une année favorable, semble-t-il, pour la bière. Quels chiffres avez-vous ?
Ça a été une année très dure. L'an dernier a été excellent, notamment pour des
raisons climatiques. Si l'on doit comparer 2004, faisons-le avec 2002. La bière est de -
6 à - 10 % selon les régions sur 2 ans. Même quand les chiffres d'affaires sont
stables, les volumes continuent de baisser. En revanche, le solide se développe.
Actuellement, 70 % des 'nouvelles' affaires ont une activité 'solide'.
Où en sont
les contrats de bière à l'heure actuelle ?
Les contrats sont réalisés à la demande des patrons. L'époque où le brasseur ficelait
le client pour le plaisir est révolue. Lorsqu'il y a une demande, c'est soit parce qu'il
y a un besoin d'équipement, soit parce que la personne veut prendre une affaire. Le
système bancaire n'est pas frileux, c'est devenu une glacière ! S'il prête jusqu'à 100
% dans l'immobilier, dès qu'il s'agit de CHR, c'est l'extrême prudence. Les contrats de
bière viennent souvent en complément. Ils sont, dirais-je, en phase de maturité. Il n'y
a de contrat que s'il y a un besoin. On estime qu'environ la moitié des établissements
sont sous contrat. Il y a bien sûr des contrats d'exclusivité, mais il existe également
des contrats en volumes ou d'objectifs. On voit tous types de contrats. Ils sont établis
presque au cas par cas et tout le monde doit s'y retrouver. Les contrats draconiens sont
néfastes. Au terme de ces derniers, le client va ailleurs, et il a raison. Un contrat
doit être équilibré. La durée est de 5 ans pour les plus grosses affaires et peut
aller jusqu'à 10 ans pour les plus petites. Mais les durées sont rarement pratiquées
aujourd'hui. zzz26v
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L'Hôtellerie Restauration n° 2903 Hebdo 16 décembre 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE