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La ventilation est une technique très particulière qui demande beaucoup d'expérience. Une ventilation efficace est le résultat de divers paramètres qui doivent être bien étudiés. Mal adaptée, la ventilation génère beaucoup d'ennuis. Paroles d'expert.
m Cécile Junod
Expert en ventilation, Michel Lepage insiste sur la nécessité de la bonne
adéquation entre système d'extraction et matériel de cuisson.
Consultant spécialisé dans
le traitement de l'air, Michel Lepage a tant et tant arpenté les cuisines pour régler
les problèmes de ventilation qu'il est devenu un véritable expert. D'ailleurs, il est
membre de Frigexpert. Aussi, nul autre que lui pouvait nous éclairer sur les règles
fondamentales d'une bonne ventilation en cuisine. "La ventilation est une
technique si particulière que peu d'installateurs acceptent de s'y frotter, explique
Michel Lepage. Pourtant, ce n'est pas si compliqué que cela. Il faut une bonne étude
et de la rigueur. En revanche, si on se trompe, les conséquences sont ennuyeuses."
Tout d'abord, il faut prendre les choses dans l'ordre :
1. Le local prévu pour la création d'un restaurant permet-il d'installer une ventilation
? Une visite détaillée des lieux et une rencontre avec les représentants de la
copropriété s'imposent. Lors d'un achat, il est impératif de faire auditer les lieux
avant tout engagement et de prendre toutes les précautions nécessaires afin d'éviter de
futurs conflits avec la copropriété.
2. Le système de ventilation à installer doit être étudié en fonction des appareils
de cuisson, la nature de la production et le volume des lieux. Le choix ne doit pas
uniquement reposer sur le critère prix.
Les hottes
Les hottes classiques à aspiration simple, munies de filtres, peuvent être installées
dans tous types de cuisines. Cependant, compte tenu des débits aspirés, elles sont
grosses consommatrices d'énergie.
Les hottes à induction, dont l'atout est l'arrivée d'un flux d'air compensant une partie
du débit extrait, seront installées avec beaucoup de prudence lorsque les appareils de
cuisson sont particulièrement performants, c'est-à-dire dégageant un fort pouvoir
cuisant en un temps très court. La diminution de la quantité d'air extraite laisse le
rayonnement des appareils de cuisson très actif vis-à-vis des personnes travaillant à
ce poste. Aussi fait-il très chaud au-dessus du piano. Cette hotte est donc
particulièrement bien adaptée aux appareils électriques de type induction ou aux
techniques de cuisson modernes à faible inertie. Elle est déconseillée au-dessus d'un
piano équipé de nombreux brûleurs et/ou PCF, et ne disposant pas d'un bouclier
thermique efficace en façade.
A noter que le flux d'air de compensation est un air non traité, totalement gratuit en ce
qui concerne l'énergie de chauffage. Son débit est à déduire du volume d'air extrait
de la salle, sachant que l'air de renouvellement dans le restaurant doit être logiquement
de 30 m3/personne ou de 30 m3/m2 de salle utile. La réglementation insiste sur le fait
que l'on doit apporter un volume d'air neuf en proportion du nombre de couverts. Cet air
neuf sera bien évidemment réchauffé ou rafraîchi, ce qui a un coût, d'où l'intérêt
de la hotte à induction qui limite au juste respect de la réglementation la quantité
d'apport d'air neuf, et donc limite les coûts de consommation énergétique.
Electrolux présente une hotte de type bas dont la partie haute est à 1,50 mètre
du sol, en retrait par rapport à la façade de l'appareil de cuisson.
Avantages : une vision correcte du plan de cuisson, un conduit de section plus petite et
un débit beaucoup plus important pour une même vitesse d'aspiration. Particulièrement
recommandé pour les postes friterie et grillades.
Le plafond aspirant
Dans certains cas, on installera un plafond filtrant dont l'avantage principal est la
possibilité d'aspirer sur toute la surface utile de la cuisine. Son esthétique et
l'absence totale de volume au-dessus des appareils de cuisson le rendent agréable. Là
encore, il ne faudra pas oublier d'apporter, d'une façon ou d'une autre, en salle ou en
cuisine, le volume d'air équilibrant le volume extrait. Mais attention aux courants
d'air, surtout au niveau des passe-plats, portes, couloirs... Et dans le cas de chauffage
par air pulsé, il faudra également porter une attention particulière à la position de
la sonde thermostatique d'ambiance. En aucun cas, elle ne se trouvera dans un endroit où
l'air ne circule pas.
En ce qui concerne les coûts, il existe une différence importante entre le plafond
aspirant et les systèmes classiques d'extraction (hottes). Cependant, il est à prendre
en compte qu'un plafond filtrant inclut un ensemble d'éléments qui sont à prévoir dans
le cas d'une hotte classique : faux plafond, éclairage général, bouches et plénums
d'apport d'air. De plus, le plafond filtrant permet, dans le cas d'une évolution de la
cuisine, de modifier l'implantation des divers appareils. D'une façon plus générale,
l'équipement en ventilation d'une cuisine doit être pensé en fonction de ce que l'on
veut y faire dans l'immédiat, mais également dans un temps plus long. L'installation
mise en place doit permettre une certaine évolution.
Cependant, côté matériel d'extraction, Michel Lepage déplore le manque d'innovations :
"Tous les produits présents sur le marché existaient déjà il y a 30 ans. La
seule réelle nouveauté à signaler est un appareil de marque Electrolux, qui aspire les
fumées juste au niveau du plan de cuisson. C'est une hotte de type bas dont la partie
haute est à 1,50 mètre du sol, en retrait par rapport à la façade de l'appareil de
cuisson. Les avantages : la personne qui travaille à ce poste a une vision correcte du
plan de cuisson et a la tête en dehors et au-dessus du flux d'air. Ce matériel permet
l'implantation d'un conduit de section plus petite et offre, pour une même vitesse
d'aspiration, un débit beaucoup moins important qu'une installation classique dont la
hotte serait en position haute à 2 mètres du sol. Il est particulièrement recommandé
pour les postes friterie et grillades. De plus, le dessus de la hotte peut servir
d'étagère chaude !"
A la Maison de Charly, Claude Driguès, sur les conseils de Michel Lepage, a opté
pour le plafond aspirant.
Audit et maintenance
Nous ne saurions suffisamment insister sur l'intérêt à faire exécuter, tous les 3 ans,
un audit sur les installations existantes afin d'anticiper la survenue brutale de
problèmes pouvant gêner l'exploitation de l'établissement : fumées, émissions de CO
mal aspirées avec risque d'intoxication à la clé, défaut d'élimination des graisses,
odeurs désagréables, etc. Cet audit permet d'évaluer l'installation et de s'assurer
qu'elle ne présente aucun danger, ni pour le personnel, ni pour la clientèle, ni pour
les autres habitants de l'immeuble. Rappelons encore qu'un bon entretien du matériel
d'extraction est nécessaire à un bon fonctionnement. Il sera effectué tous les 6 mois
pour le conduit, et 1 fois pas an pour le moteur. Ces interventions ne seront réalisées
que par des professionnels. Au cours de celles-ci, l'exploitant en profitera pour faire
contrôler la tension des courroies des ventilateurs d'apport d'air neuf, ainsi que les
filtres d'apport d'air neuf qui seront changés tous les 2 mois. Quant aux filtres des
hottes, un nettoyage hebdomadaire est nécessaire et suffisant. Plus fréquent, ce
nettoyage risque de diminuer leur efficacité. Un lavage quotidien est mal venu.
Confort thermique
Un restaurant comprend plusieurs espaces très distincts : une zone de production, une
zone de stockage et une zone de réception de la clientèle. Offrir un confort en
adéquation avec le niveau de prestation servie est une obligation. Ce confort est lié à
l'esthétique des lieux, mais également à la qualité de l'ambiance thermique et de
l'air diffusé. Pour obtenir des résultats optimums, une attention particulière doit
être accordée à la position des bouches de soufflage. Elles seront en nombre suffisant
pour assurer le débit nécessaire et éviter une vitesse de propagation de l'air trop
importante, ce qui aurait pour effet de créer des courants d'air forts désagréables.
Enfin, cet air entrant, avant d'être diffusé, doit être traité dans des caissons
alimentés soit par une batterie électrique, soit par une batterie alimentée en eau
chaude. Mais, le traitement peut aussi consister en un refroidissement soit par les
techniques classiques de production d'eau glacée ou de détente directe avec compresseur
- techniques dévoreuses d'électricité -, soit par absorption, une nouvelle technique
fonctionnant au gaz naturel. Simple d'utilisation, propre, peu bruyante, et surtout,
beaucoup moins onéreuse à l'exploitation, cette technique de production de froid par
absorption est certes plus chère à installer que les systèmes classiques. Mais, compte
tenu de l'importante augmentation de la demande, il est à parier que les prix devraient
prochainement baisser. Cependant, quel que soit le type d'installation retenu, il sera là
encore obligatoirement étudié par des professionnels qualifiés (Qualiclimat Froid,
Qualicuisines ou autres). La mise en place de ces produits est l'affaire de techniciens
expérimentés. n
Pour le traitement de l'air neuf, Michel Lepage est partisan du système Climgaz,
la technologie du froid par absorption fonctionnant au gaz naturel.
Fiche d'identitéAutodidacte, membre de Frigexpert, Michel Lepage est expert en ventilation et
climatisation auprès de Qualicuisines et Sneffca. Il intervient pour réaliser des audits
d'installations existantes, des études techniques pour des implantations nouvelles, ou
encore, comme médiateur lors de la survenue de problèmes avec la copropriété. |
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L'HÔTELLERIE n° 2721 Magazine 7 Juin 2001