de juillet 2003 |
REPÈRES |
Forte de sa situation géographique
avantageuse et de son riche patrimoine architectural et culturel, la France s'octroie
l'une des premières places du classement des pays les plus visités au monde. Partageant
ses frontières avec 6 autres pays et reliée directement à l'Angleterre par
Eurotunnel,la France devient le passage obligé des allochtones. Si la gastronomie n'est
pas à l'origine de ces flux touristiques, elle incite pourtant moult visiteurs à
découvrir cette patrie des arts de la table. Selon Jean-Pierre Poulain, sociologue,
"manger est une authentique machine à voyager, et pour les touristes, une
manière de s'approcher au plus près de la culture du pays visité". Avec leur
culte du bien manger, les restaurateurs français ont toutes les cartes en main pour
séduire les visiteurs. Mais reste en suspens la question de l'attitude à adopter. Dans
les zones transfrontalières ou dans les régions marquées par une forte activité
saisonnière, les professionnels du secteur ont pris des mesures pour leur clientèle
largement multinationale. Ainsi, certains membres de la profession ont depuis longtemps
conscience des exigences particulières des touristes étrangers en matière de pratiques
alimentaires. Eric Lequeux, du restaurant parisien Au Petit Riche, confie qu'il s'est
adapté "en commençant le service plus tôt, en aménageant plus d'espaces
non-fumeurs et en proposant des plats végétariens". Quant à Bernard Gassiot,
de la Taverne de Maître Kanter à Pau, il a mis au point "le service continu de
midi à minuit pour satisfaire en partie les clients espagnols, qui déjeunent rarement
avant 15 heures". Pour les établissements qui ne bénéficient que d'une
affluence étrangère de moindre importance, l'adaptation de leurs prestations de services
n'est pas une priorité : 65 % des restaurateurs du panel L'Hôtellerie/Coach
Omnium déclarent ne pas remarquer les exigences de la clientèle étrangère. Pour
certains, comme Olivier Lanthoinnette, du restaurant Château de la Tour à
Chantilly-Gouvieux, c'est aux visiteurs de s'adapter : "Nous les informons au
maximum dès leur arrivée sur notre prestation, et ils en sont très respectueux."
Il apparaît donc que les clients étrangers sont prêts à se conformer en partie aux
méthodes de travail des restaurateurs français. Cependant, si les touristes apprécient
la gastronomie française, il n'est pas rare qu'après quelques jours, ils aient envie de
retrouver leurs habitudes alimentaires. Pour mieux prendre conscience des particularismes
alimentaires de chaque nationalité, une étude a été commanditée par la direction du
Tourisme. Elle révèle en partie les écueils de la restauration française vis-à-vis
des étrangers. Chaque touriste a un comportement spécifique qui diffère selon sa
provenance : les Britanniques, Allemands et Japonais déplorent l'absence de légumes et
de plats végétariens. Mais plus que le contenu de leur assiette, ce sont souvent les
prestations annexes, en particulier le service, que critiquent nos voisins. Du côté des
anglophones, les lacunes des restaurateurs français reposent essentiellement sur la
méconnaissance de l'anglais et l'absence de menus rédigés dans leur langue, sur
l'insuffisante amabilité du personnel et le manque de manière à table. Les Allemands et
les Japonais sont dérangés par le temps passé à table et les discussions bruyantes.
Cependant, avec seulement 26 % de restaurateurs qui prétendent adapter leur offre, il
semble que ce soit aux touristes étrangers d'apprivoiser la restauration française.
Elisabeth Pringault zzz20t
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L'Hôtellerie Restauration n° 2828 Magazine 3 Juillet 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE