de novembre 2003 |
DÉCOR |
L'hôtel-restaurant du Château de Salettes est un lieu apaisant où fusionnent, sous une architecture du XIIIe siècle, la pierre et le contemporain. Le décor accentué sur le bois et des murs blancs donne une perspective inattendue.
Le Château de Salettes à Cahuzac-sur-Vère dans le Tarn a su conserver toute une histoire à travers ses pierres. Mais ici, ce domaine du XIIIe siècle entouré de 21 hectares de vigne, entre Gaillac et Cordes, fier de son caractère épuré tourné vers le contemporain, n'abrite ni images, ni clichés rendant hommage au passé. Une hérésie peut-être pour certains, mais une volte-face réussie vers une apologie séduisante et discrète du présent. Cet endroit du Gaillacois a trouvé son identité en faisant entrer dans ses deux salles de restaurant, ses chambres et son salon une décoration aux pièces uniques, des couleurs aux tons sages. Pas d'apparences ostentatoires visant à imposer le rustique ou le style : aucune tenture, argenterie lourde ou autre tapisserie pour donner le ton général. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le maître d'ouvrage, Roger-Paul Le Net, n'a pas voulu écarter de manière aveugle l'âme du passé. Après avoir mené une vie "ascétique" jusqu'à l'âge de 35 ans, selon ses propres termes, il raconte comment s'est construit le lien avec le Château de Salettes. "J'ai commencé par m'intéresser à la vigne. C'est le meilleur moyen pour s'enraciner quelque part. L'approche avec le vin m'a profondément marqué. J'apprécie le côté convivial qu'il suscite dans la relation avec les autres."
Un esprit contemporain
Après avoir acheté le Château de Salettes en 1994, qui a vu naître dans le passé le
général Hautpoul (N.D.L.R. : une famille catholique de Mazamet), un des conseillers de
Napoléon pendant l'Empire, Roger-Paul Le Net se donne 2 ans avant d'entreprendre les
travaux de gros uvre, mettant le bâtiment hors d'eau. Un premier projet se dessine
autour d'un hôtel-restaurant qui permettait d'intégrer l'édifice existant tout en
établissant une offre sur un produit de qualité. Les amis de Roger-Paul Le Net, dont
Gérard Huet, architecte, Michel Privat, ingénieur, et Gérard Tinet, plasticien,
apportent leurs idées. "Tous les trois connaissent ma sensibilité, ils m'ont
fait des propositions, et il y a toujours eu une symbiose entre nous. Gérard Tinet a
dessiné les meubles, sa vision des choses a été le point de départ. Je réalisais des
croquis et il mettait en forme. Au fond, cela s'est passé comme une histoire naturelle.
J'ai voulu que tout soit sobre, à l'image de mon caractère naturellement réservé et
créateur. De par ma profession, je suis en permanence en mouvement. La médecine
nucléaire est sans cesse en évolution. Je suis toujours à la limite de ce que l'on peut
faire. J'ai voulu que la notoriété de l'établissement passe par l'attrait intérieur,
car je n'aime pas les valeurs surfaites", atteste Roger-Paul Le Net.
Trompe-l'il
Le pari semble réussi. 5 suites et 12 chambres doubles, dans un esprit contemporain,
tirent agréablement profit des murs d'enceinte et des tours du château. Par
l'utilisation sur les murs de panneaux de bois qui viennent se poser comme un feuilleté,
la pierre originale ne perd pas son authenticité. Un véritable trompe-l'il qui
marie les matériaux entre eux. Jouant sur leur volume différent et sur leur exposition,
les chambres - où l'on retrouve la signature de Philippe Starck sur les lampes -
déclinent chacune leur identité. Un clin d'il au peintre albigeois Henri de
Toulouse-Lautrec et à son travail d'affichiste (N.D.L.R. : il a introduit la couleur dans
l'affiche), qui s'inscrit dans chaque chambre à travers une forme de couleur peinte sur
le mur blanc.
Les 12 chambres et 5 suites déclinent chacune leur identité.
La peinture pour représenter des saveurs
Après avoir orchestré la décoration intérieure, Roger-Paul Le Net a voulu que la
cuisine soit façonnée sur le même tempo de sobriété. C'est d'abord la rencontre et
les discussions avec Gérard Praud, chef cuisinier pendant 10 ans au Grand Ecuyer à
Cordes, qui orientent le contenu de la carte. Des mets qui utilisent les produits du
terroir dans une quête du raffinement allié à la simplicité. Gérard Praud jubile à
l'idée de pouvoir concrétiser ce qu'il avait envie de faire. "Le but, c'est
d'aller à l'essentiel. Je travaille beaucoup les fines herbes et j'utilise les épices
pour souligner une saveur." Et dans la cuisine du château, les artistes ont
aussi droit de cité. Avec la complicité d'un artiste peintre albigeois Denis Miau, des
menus dégustation présentés sous forme de tableaux permettent à la clientèle de
découvrir des plats sans l'aide de mots. Les couleurs viennent simplement illustrer le
goût, sans utiliser la force du verbe. <
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Château
de Salettes 81140 Cahuzac-sur-Vère Tél. : 05 63 33 60 60 Fax : 05 63 33 60 61 Web : www.chateaudesalettes.com |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2846 Magazine 6 novembre 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE