d'avril 2003 |
DÉCOR |
Le A à Paris
Telle une exposition d'art contemporain permanente, Le A a été animé artistiquement
par Fabrice Hybert, peintre et plasticien qui travaille toutes les matières. Quant à l'architecture intérieure, elle est signée du talentueux Frédéric Méchiche. Visite.
Cécile Junod
A gauche : la salle du petit-déjeuner avec, au mur, une grande tapisserie
signée de l'artiste Fabrice Hybert.
A droite : côté bar. Partout, des suspensions lumineuses structurent l'espace.
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Il n'a gardé de l'ancien hôtel que les façades. A l'intérieur, tout a été remodelé. Frédéric Méchiche (qui a travaillé en collaboration avec le cabinet Bastie) a créé çà et là des volumes et des espaces diversifiés, propices au rêve. Ici, aucun module standardisé, aucun espace semblable à un autre. On entre dans un lieu hors du temps, hors du réel. Un havre de paix, bien sûr, mais plus encore. D'ailleurs, les clients à leur arrivée s'exclament, mi-surpris, mi-émerveillés : "Ah... C'est différent !". Oui, c'est ça. C'est différent. Différent des hôtels de charme, différent des boutiques hôtels, différent des maisons d'amis. C'est un lieu discret, appelé à devenir un rendez-vous d'initiés pour les amateurs d'art internationaux. A quelques centaines de mètres de la célèbre avenue des Champs-Elysées, on pénètre dans l'univers à la fois visionnaire, poétique et plein d'humour de l'artiste Fabrice Hybert, mis en scène par son ami Frédéric Méchiche. Professionnellement mais aussi pour le plaisir, ce dernier voyage énormément. Ce qui l'amène à fréquenter de très nombreux hôtels. Il connaît tous les grands établissements du monde. Alors, pour ici, il voulait imaginer autre chose.
Partout, toiles,
dessins, wall drawing, tapisseries, mosaïques...
Le lieu est apaisant, nimbé de lumière et de blanc immaculé. On s'y sent
enveloppé d'un sentiment de bien-être qui invite au repos. Frédéric Méchiche a opté
pour la sobriété et le confort. Fauteuils et chaises sont recouverts de housses
blanches. Murs et rideaux sont blancs, en contraste absolu avec le parquet sombre en
wengé et les tables en laqué noir. Le tout est animé par les uvres de Fabrice
Hybert. L'artiste a profité de la liberté qui lui était offerte pour imaginer une
uvre totale, exceptionnelle, et surtout unique dans ce contexte. Un travail
réalisé dans un grand élan d'enthousiasme, en à peine trois mois. L'uvre se
décline en prolifération d'images et de mots tissant un réseau qui envahit le lobby,
puis l'ascenseur, les étages et enfin les chambres, qui d'ailleurs portent le nom de
l'uvre qu'elles abritent : 'Incognito', 'L'Enfer', ou encore 'Peau d'Ane'.
Bien sûr, on retrouve au A, en moquette sur le sol ou en mosaïque dans les salles
de bains, des rayures, la signature évidente du passage de Frédéric Méchiche. Qui, par
ailleurs, a un sens inné des volumes et de l'équilibre. Miroirs et suspensions
lumineuses démultiplient l'espace et offrent des perspectives virtuelles. Dans le salon,
la cheminée, fonctionnant au gaz naturel, apporte une note de chaleur et crée une
atmosphère très zen, d'autant plus que les traditionnelles bûches ont laissé la place
à de beaux galets blancs. Et pour transcrire l'ambiance d'une maison particulière, la
bibliothèque étale sur ses rayonnages un choix très ciblé d'ouvrages consacrés à
l'art, à l'architecture, à la photographie, au design et à la mode.
La direction de cet établissement hors normes a été confiée à Emma Charles, qui
affiche déjà, à 32 ans, un beau parcours professionnel dans l'hôtellerie haut de
gamme. Après avoir uvré durant plus de 12 ans dans les palaces en Afrique du Sud,
aux Caraïbes et au Mexique, elle a souhaité réintégrer la petite hôtellerie de luxe.
Une hôtellerie plus cocooning, où l'on prend le temps d'accueillir, d'accompagner et de
choyer ses clients. < zzz40t
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Frédéric Méchiche,
architecte d'intérieur
Diplômé
d'architecture et de design de l'Ecole Camondo (Paris), il poursuit depuis une carrière
internationale. Architecte d'intérieur, il intervient sur des résidences privées, des
avions, des yachts ou des hôtels. Parmi ses principales références, citons l'hôtel
Argentine (Paris XVIe), l'Astor (Paris VIIIe), le Dokhan's (Paris XVIe), et maintenant Le
A.
Fabrice Hybert, plasticien
1986 : 'Mutation', Maison de l'avocat, Nantes.
1995 : 'L'Hybertmarché', musée d'Art moderne, Paris.
1997 : 'Eau d'or, eau dort, odor', Pavillon français, Biennale de Venise (Lion
d'or).
1999 : 'Spiral TV. It's Tomorrow Now', Tokyo.
2001 : 'POF', Kunsthalle Lophem, Bruges.
2002 : 'Paris c'Hybert Rallye', Paris.
2003 : 'L'Artère', Monterrey, Mexique.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2866 Magazine 1er avril 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE