Il n’est jamais trop tard pour devenir hôtelier. Laurence et Simo Nieminen en sont la preuve. En avril, le couple d’informaticiens âgés de 55 et 59 ans rachète l’hôtel de Paris aux Andelys (Eure). Depuis 2007, Simo Nieminen possédait sa société de conseil en informatique. En 2018, il perd son principal contrat. “Trouver de nouveaux clients n’est pas évident, explique-t-il. On s’est alors demandé si on avait envie de recommencer la même chose, avec les déplacements internationaux que cela impliquait.” La réponse est non. Le couple préfère s’investir localement. “On cherchait à reprendre une petite affaire”, poursuit Laurence Nieminen. La prospection commence. Après plusieurs contacts infructueux, ils apprennent que les propriétaires de l’hôtel de Paris prennent leur retraite. “Quand on a regardé leur bilan, on a tout de suite vu qu’ils étaient en sous-activité. On pouvait faire quelque chose”, se souviennent-ils.
Entretenir une relation de confiance avec sa banque
Leur banque les encourage dans cette direction. Ils ont établi une relation de confiance avec elle depuis 2003. “Sans patrimoine, avoir un bon rapport avec sa banque est la clé pour reprendre une affaire après 50 ans”, estime Simo Nieminen, qui a demandé l’octroi d’un prêt à d’autres établissements. Tous ont refusé de lui faire une offre.
Le constat est le même pour Christelle et Philippe Rabouan qui ont racheté l’hôtel 2 étoiles Les initiés à Rouen (Seine-Maritime) en janvier 2017. Le duo âgé de 50 ans s’est aussi tourné vers sa banque pour financer son projet. “Apporter des fonds propres est une garantie, cela montre son engagement et sa conscience de la prise de risque”, précise Christelle Rabouan, auparavant banquière puis gérante d’un magasin de meubles. Elle poursuit : “Nous avons eu plus de mal à obtenir un prêt pour la création de notre premier commerce. Pour la reprise de l’hôtel, c’était plus facile, nous avions fait nos preuves.” D’expérience, elle sait que le travail en couple effraie les banques. Après deux ans et demi à la tête des Initiés, elle conseille de bien définir les tâches. “Philippe s’occupe de la brasserie et moi de l’hôtel.” Aux Andelys aussi un restaurant complète l’offre hôtelière. Anciennement Le Castelet, les nouveaux propriétaires le renomment Le Bistronomy et revoient la carte avec le cuisinier déjà en place. “Objectif : donner une image plus jeune et tendance”, précise Laurence Nieminen qui prépare un certificat de qualification professionnelle de cuisinier. “J’ai envie de m’investir et d’être capable de remplacer le chef au pied levé si besoin”, confie-t-elle.
Prendre le temps de s’imprégner
Autre point commun entre les deux hôtels : leurs huit chambres. Aux Andelys, des travaux sont prévus l’hiver prochain pour les améliorer. Le couple Nieminen se laisse une saison pour établir l’ordre des priorités. Ne pas se précipiter est leur credo.
La démarche est la même à Rouen, où Christelle Rabouan insiste sur l’importance d’apprendre à connaître sa clientèle et son équipe. “On ajuste au fur et à mesure que l’on observe des dysfonctionnements. On ne peut pas tout régenter en arrivant”, indique-t-elle. Avant de souligner la nécessité d’être clair dès le départ sur ses attentes et de ne pas aller contre sa nature. Par exemple, “à notre arrivée, les serveurs criaient les commandes en salle. On ne supportait pas ça, on leur a dit tout de suite qu’avec nous c’était impossible de parler si fort.” La reprise des Initiés à Rouen par le couple Rabouan est un succès, le chiffre d’affaires a augmenté de 15 % la première année et 25 % la deuxième. Aux Andelys, les Nieminen espèrent aussi bien : “On opère des changements de décoration. L’hôtel est désormais visible sur des sites de réservation en ligne. Mais il faudra attendre la prochaine saison pour constater les premiers résultats.”
Publié par Ellen GUICHARD