Depuis le confinement, la clientèle de l’hôtel Arnaud-Bernard, à Toulouse (Haute-Garonne), a changé. Auparavant, les dirigeants, Daniela et Etienne Vidaillac, n’accueillaient qu’une clientèle d’affaires… Aujourd’hui, ils hébergent des personnes en situation de précarité. “Nous étions un hôtel, tout ce qu’il y a de plus classique, raconte Daniela. Seulement, avec la pandémie de Covid-19, nous n’avions plus de réservations. Nos 18 chambres étaient libres. Face à cette situation, nous avons décidé de répondre à un appel d’offres lancé par la Mairie et d’accueillir des bénéficiaires du Samu social pour continuer à travailler.”
À la fin du confinement, les déplacements professionnels reprennent. Daniela et son mari, tentent de rouvrir leur hôtel à la clientèle d’affaires, tout en maintenant leur offre pour les personnes en situation de précarité. Mais leur tentative échoue. “Nous avons essayé de mélanger l’hôtellerie classique et l’hébergement d’urgence. Mais quand je disais à la clientèle d’affaires que nous hébergions également des personnes en situation de précarité, ils annulaient leurs réservations ou se tournaient vers un autre hôtel”, assure Daniela Vidaillac. Les deux dirigeants prennent alors une décision radicale : transformer leur établissement en hôtel social.
Des missions bien différentes
Depuis, ils affichent complet. Sur les 18 chambres, 17 sont mobilisées pour accueillir des bénéficiaires du Samu social. La dernière sert d’hébergement d’urgence. Les dirigeants s’assurent ainsi un revenu fixe par mois, payé directement par la préfecture de Haute-Garonne. “Les chambres sont occupées pour de longues périodes, relève l’hôtelière. Par exemple, nous avons une famille qui est là depuis un an et demi. La préfecture nous paye la chambre et le service en chambre” (ménage, changement des draps et des serviettes).
Avec ce changement de clientèle, les missions des deux hôteliers ont évolué. “Nous ne proposons plus de petit déjeuner, car ce n’est pas compris dans le montant que la préfecture nous octroie”, explique Daniela Vidaillac. De plus, comme les familles s’installent dans les chambres pour une longue durée, la dirigeante n’a plus besoin d’attendre sa clientèle pour distribuer les clefs des chambres. “Ce qui est appréciable, c’est la flexibilité. Mon quotidien n’est plus rythmé par les petits déjeuners de 6 à 10 heures, le ménage de 10 à 12 heures, etc. Maintenant, je suis plus libre côté horaires, mais je suis toujours autant à disposition de mes clients.” L’hôtelière a en effet ajouté une dimension sociale à son métier. Elle guide ses clients vers les associations, leur propose des cours de français et tente même de récupérer des dons, comme des vêtements pour les enfants. Les murs restent inchangés, mais la clientèle et les missions sont plus variées.
Publié par Pour Aletheia Press, Lolita Péron