Le changement frappe dès l'entrée du restaurant. La salle conserve ses attributs du savoir-faire français (fresques, ébénisterie, dorure…) mais les architectes Patrick Jouin et Sanjit Manku lui ont donné une dimension contemporaine inattendue avec l'office situé au centre. Ce meuble conçu avec Michel Lang, directeur du restaurant, a plusieurs fonctions. Il se transforme, grâce à un système coulissant, tout au long du service : une première aile dévoile le service du pain, puis la crèmerie et l'huilerie (un cuisinier y assaisonne les salades au moment du fromage), tandis que la seconde recèle les liqueurs et le chocolat, puis le café. Au centre, la verrerie. Un jeu de lumières met en scène ce concept tout nouveau qui attire les regards. Au-dessus de l'office, un lustre de 7m de diamètre (2346 points lumineux) surplombe la salle.
La Riviéra dans l'assiette
Le renouveau a aussi gagné l'assiette. Tout comme en salle, Alain Ducasse a conservé ses piliers, Dominique Lory, chef de cuisine et Sandro Micheli, chef pâtissier. « Nous avions comme mission de proposer à Alain Ducasse des plats créatifs qui ne ressemblent en rien à ce qui a pu être fait ces 27 dernières années et bien sûr qu'ils soient au moins aussi bons qu'avant, raconte Dominique Lory, entré dans le groupe Ducasse en 1998 comme commis au Spoon à Paris et chef de cuisine à Monaco depuis 2011 (entre les deux le Plaza Athénée et le Louis XV une première fois comme chef de partie). Cela fait plus d'un an que je travaille sur cette nouvelle carte. On nous a demandé notre avis sur tout, y compris sur les contenants comme la base en cuivre sur mesure pour les amuse-bouches. Nous sommes une équipe très soudée. Nous travaillons ensemble et on se remet toujours en question ». « Cela demande un gros travail de recherche, renchérit Sandro Micheli, qui lui aussi une bonne dizaine d'années de carrière dans le groupe. Face aux 5 amuse-bouches, il a dû créer 5 confiseries à base d'agrumes également servis à tous les clients. Son nouveau dessert préféré : la rhubarbe fondante, fromage blanc mousseux au miel de bruyère. Dominique Lory choisit l'entrée Coquillages et pois chiches rafraîchis, condiment iodé.
La carte se compose de 15 plats (6 entrées, 5 poissons et 4 viandes) et 6 desserts. Les menus : les Jardins de Provence 230 euros, Pour les gourmets 310 euros et à partir de 200 euros (hors boissons) à la carte. Le restaurant est ouvert du jeudi au lundi au dîner, samedi et dimanche au déjeuner. Le nombre de couverts est limité à 50, jusqu'à 65 lorsque la terrasse est exploitable. Le restaurant de l'Hôtel de Paris est donc reparti de plus belle. « Pour moi, c'est le plus beau restaurant du monde, dit Dominique Lory, déjà concentré sur la conception de la prochaine carte, « forcément, elle change tous les deux mois ».
Publié par Nadine LEMOINE
mardi 14 avril 2015