En 1995, le chef, originaire de Sainteny(50), s'installe dans une ancienne crêperie d'Heugueville-sur-Sienne (50). Puis en 2006, sa femme, Nadia, et lui jettent leur dévolu sur l'ancienne école de Blainville-sur-Mer. Après dix mois de travaux, le 15 mai 2007, Le Mascaret ouvre ses portes. Il comprend un restaurant, cinq chambres d'hôte et un spa. Un bon moyen de diversifier les sources de revenu. "Notre taux de remplissage tourne entre 60 et 70 %", explique le maître des lieux.
La région est belle, sauvage, mais calme en basse saison. Et attirer des gens dans ce petit village de Normandie n'est pas une mince affaire. "Il faut faire bien et le faire savoir, comme disait Bernard Loiseau, mais ça n'est pas facile", souligne le chef dans un grand sourire. Les échappés qu'il fait dans différents pays pour cuisiner à New York, au Japon et bientôt au Monténégro, lui forgent une solide réputation au niveau international. Et lui permettent de glaner de idées nouvelles, de se réinventer. Essentiel pour tout cuisinier digne de ce nom, selon lui.
Les projets de Philippe Hardy sont nombreux pour 2014, même s'il reste encore discret à leur sujet. Une respiration après une année 2013 assez difficile. Avec les Jeux équestres mondiaux et le 70e anniversaire du Débarquement, la nouvelle année s'annonce prometteuse. Pour séduire la clientèle américaine, qui ne devrait pas manquer de venir découvrir la Manche le chef ne manque pas d'idées. "Je vais faire un clin d'oeil à la cuisine américaine en proposant, le midi pendant le mois de juin, un burger de homard", lance-t-il en souriant.
Contact avec la clientèle locale
Un des atouts du Mascaret est donc d'avoir su s'adapter à sa clientèle. Et notamment en proposant une formule du midi proposant trois plats pour 25 €. Une façon de rendre la gastronomie accessible. Pour l'instant, la formule ne rencontre pas le succès escompté. "Les gens hésitent à pousser la porte d'un restaurant gastronomique. Ils pensent que cela va coûter cher, qu'il n'y aura rien dans l'assiette. Ce sont autant de préjugés contre lesquels nous devons lutter pour attirer plus de monde", glisse Nadia Hardy. Être proche de sa clientèle locale est l'un des souhaits du chef étoilé. Ainsi, le dernier vendredi de chaque mois, durant la basse saison, Le Mascaret accueille des soirées piano-bar. À cette occasion Philippe Hardy propose des apéritifs dînatoires.
En dix-huit ans, ce virtuose de la cuisine a donné un souffle nouveau à la gastronomie normande en osant la revisiter. Son secret ? Il s'appuie sur la richesse du terroir manchois. "En France, il n'y a que sur la presqu'île du Cotentin que le soleil se lève et se couche sur la mer. C'est l'idéal pour cuisiner les produits de la mer. Sans compter que l'on a aussi de la viande de qualité et une terre maraîchère exceptionnelle", déclare cet amoureux du terroir. C'est cette passion pour le produit qui a fait connaître Philippe Hardy, et qui lui a valu une étoile au guide Michelin. Mais pas de risque que le chef se repose sur ses lauriers. Au Mascaret, la créativité est reine.
Publié par Gabrielle Lemestre