“Les cafetiers et restaurateurs de Notre-Dame de Paris subissent une triple peine. Il y a eu bien entendu l’incendie mais aussi la disparition des touristes et maintenant les grèves”, s’indigne Marcel Benezet, président de la branche Cafés du GNI, qui suit de près la situation des cafetiers et restaurateurs voisins de la cathédrale fermée depuis l’incendie le 15 avril dernier. Les travaux de consolidation de Notre-Dame sont en cours, les opérations de dépollution à cause de la dispersion de plomb se succèdent et les touristes ont fui ou ne s'attardent pas dans le quartier. “Il faut une exonération totale de charges en 2020 et pas un échelonnement !”, martèle-t-il.
Bruno Le Maire a bien débloqué une aide de 350 000 € attribuée aux commerçants du périmètre, à hauteur de 10 000 € par entreprise réalisant un chiffre d’affaires de moins d’un million d’euros. La suppression des droits de terrasses pour 2019 a été accordée par le maire du IVe arrondissement, pourtant ces mesures semblent dérisoires. “J’en suis à 400 000 € de pertes ! Je fais l’ouverture et la fermeture. Mon jour de congé, le week-end, je l’utilise à aller chercher en scooter mes cuisiniers banlieusards qui n’ont pas de transport à cause des grèves”, explique, épuisé, Roger-Frédéric Riard, 46 ans, qui dirige la brasserie Esmeralda, au 2 de la rue du Cloître Notre-Dame. “Nous sommes 40 adhérents dont une quinzaine de restaurateurs, ce qui représente 300 emplois. 35 postes ont été déjà été supprimés”, explique Patrice Le Jeune, président de l'association des commerçants du quartier de Notre-Dame.
Le beau-père du patron de l’Esmeralda se réjouit de la nomination du général Jean-Louis Georgelin à la présidence de l'établissement public chargé de la reconstruction de la cathédrale : “C’est un interlocuteur unique qui nous épargne les rivalités entre services. Par exemple, il nous a fallu huit mois pour faire changer un fusible sur le tableau électrique de l’Hôtel-Dieu afin de relancer l’éclairage du bâtiment.” Et c’est bien l’absence d’éclairage qui a fait perdre la clientèle du soir au restaurant Comme Chai Toi, pourtant en dehors du premier périmètre, au 13 quai de Montebello (Ve). “Les clients du soir ne sont pas revenus à ce jour !”, nous confirme le manager. Rue d’Arcole, une restauratrice nous accueille dans une salle vide : “Le plus douloureux, ce sont les commentaires sur internet. Ils se félicitent de notre sort puisque nous serions des voleurs de touristes !”
“Les ouvriers doivent prendre une douche de décontamination avant de venir prendre un café”
Dans son QG de campagne, rue d’Arcole, Cédric Villani , candidat aux élections municipales, se dit préoccupé par la situation : “Je vais rencontrer le général et lui demander que les équipes qui travaillent sur le site de Notre-Dame se restaurent en priorité dans les établissements voisins.”
“C’est déjà le cas mais, depuis les problèmes de plomb, les ouvriers doivent prendre une douche de décontamination avant de venir prendre un café chez moi. C'est contraignant”, regrette Roger-Frédéric Riard dont le chiffre d’affaires a plongé de 30 % en début de crise jusqu’à 50 % en fin d’année. “Et je m’en sors bien car, lorsque la rue est bloquée parce qu’il y a du vent ou une livraison de matériel lourd, je suis le seul à pouvoir ouvrir puisque situé en bout de voie. Pour les autres, c’est moins 80 %”, explique le restaurateur qui subit régulièrement des contrôles de présence de plomb. “Il y a eu un emballement sur mon bar avant que les analystes comprennent que l’étain du comptoir contenait du plomb !”
“Le fils du propriétaire des Tours Notre-Dame a dû se substituer au gérant avant que ce dernier ne puisse plus faire face à la chute d'activité. La situation est critique. L’urgence est de rouvrir le parvis et de créer des animations pour attirer de nouveau les touristes”, envisage Marcel Benezet.
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Publié par Francois PONT