Aux États-Unis, le marché porteur des 'Uber' de la livraison

New York (Etats-Unis) Alors que le service de livraison d'UberEats s'est lancé en novembre à Paris, gros plan sur un marché qui produit ses premiers millionnaires outre-Atlantique.

Publié le 31 mars 2016 à 17:14


À une époque pas si lointaine, les Américains appelaient le restaurant pour se faire livrer une pizza ou des sushis. Plus maintenant. Ces dernières années, un nombre croissant d'applications pour smartphones permettent de se faire livrer à domicile en quelques mouvements de pouce. Ces nouveaux 'Uber de la livraison', qui reposent sur une armée de livreurs et des algorithmes sophistiqués, brassent déjà des millions de dollars. Caviar, l'une des entreprises les plus en vue de ce secteur, a effectué l'an dernier une levée de fonds de 13 M$ (environ 11,8 M€). Une de ses concurrentes, Postmates, qui se targue de pouvoir livrer n'importe quoi, y compris de la nourriture, en moins d'une heure, a récemment récolté 80 MS (environ 73 M€), portant sa valorisation à un demi-milliard de dollars (environ 456 M€) selon le site d'information technologique TechCrunch. 

Au total, depuis avril 2013, au moins douze jeunes pousses spécialisées dans le 'shopping de boisson et de nourriture', comme
GoldBely, HealthyOut et ezCateront effectué des levées de fonds, détaille la base de données Dow Jones Venturesource.

 

Un marché de 70 M$

Ces start-up sont en train de réinventer un marché relativement ancien, lancé dans les années 1950. Si les livraisons et les repas à emporter ne représentent que 4 % du service de nourriture, le marché pèse tout de même 70 M$ (environ 64 M€). Les commandes en ligne ne représentent pour le moment que 9 M$ (8,2 M€).

L'application Postmates, fondée en 2011 à San Francisco, fait partie des pionnières de ce mouvement. Présente aujourd'hui dans 26 États, elle repose sur une batterie de livreurs locaux payés jusqu'à 25 $ (22,8 €) de l'heure et au pourboire. Tout le monde peut postuler. Seul pré-requis : posséder "un vélo, un scooter, une voiture, une moto ou un camion"

Plutôt que d'avoir une équipe marketing qui déniche les restaurants partenaires, comme c'est le cas pour Seamlessle site historique des livraisons, Postmates fonctionne comme un service indépendant. Le client passe commande auprès du restaurant via l'application et un livreur de l'entreprise - un 'postmate' - vient la collecter. Le client paye un surplus variable en fonction de la distance à parcourir. 

Chez DoorDash, une autre start-up lancée en 2013 par un étudiant de Stanford qui avait constaté que beaucoup de restaurateurs n'avaient pas les moyens de livrer, ce sont ces derniers qui paient une commission de l'ordre de 20% sur chaque livraison pour bénéficier du service. Les capitaux-risqueurs applaudissent : la start-up a profité en 2014 d'une levée de fonds de 17 M$ (environ 15,5 M€), puis de 40 M$ (36,5 M€) en 2015. 

 
Le statut des livreurs en question

Aujourd'hui, elle compte des milliers de 'Dashers' dans 18 villes et s'apprête à ouvrir dans trois autres marchés. "Nous avons créé un algorithme qui permet d'estimer avec précision combien de temps va prendre la livraison et de minimiser les temps d'attente. Cette estimation est juste dans 99 % des cas", se félicite Prahar Shah, responsable du développement à DoorDash.

L'essor de ces services de livraison sur demande ne va pas sans poser de questions. Depuis septembre, plusieurs d'entre eux sont poursuivis en justice. Motif : ils qualifient leurs livreurs de travailleurs indépendants plutôt que d'employés, alors qu'ils leur demandent de porter un uniforme et que l'ensemble de leur activité repose sur cette main d'oeuvre. Une manoeuvre qui leur permet d'éviter de payer certaines taxes et de prendre en charge leur couverture médicale.  

Mais Prahar Shah l'affirme : "Le modèle de DoorDash peut fonctionner n'importe où dès lors que le restaurant ne fait pas de livraison. Il y a une demande mondiale de la part des consommateurs."

 


Publié par Alexis Buisson, correspondant à New York



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