Selon plusieurs sondages réalisés auprès du grand public relayés par le site internet de la BBC le 6 juin et le journal The Guardian le 13 juin, les intentions de vote en faveur de la sortie du Royaume-Uni auraient devancé celles en faveur du maintien dans l'Union : 53 % en faveur de la sortie contre 47 % en faveur du maintien*. De son côté, le 21 juin, le Financial recensaient des intentions de votes sont au coude à coude avec 44 % pour la sortie, 45 % pour le maintien. L'incertitude quant aux résultats est donc grandissante, et l'inquiétude des pro-UE aussi.
Si on se concentre uniquement sur le secteur des CHR, la tendance des intentions de votes est clairement en faveur du maintien. C'est en tout cas ce que révèle un rapport rédigé par la BHA* en partenariat avec le cabinet de conseil Heidrick & Struggles, publié le 20 juin dans The Times. Selon ce rapport, 74 % des dirigeants du secteur se déclarent en faveur du maintien dans l'Union, 18 % sont pour la sortie et 8 % ne sont pas encore décidés.
Le maintien dans l'Union Européenne est donc souhaité par les trois quarts des professionnels du secteur interrogés à l'occasion de l'édition de ce rapport. C'est aussi le souhait du français, Pascal Aussignac, chef étoilé propriétaire associé de Gascon Connection, un groupe de restaurants qui emploient 150 personnes, à Londres. "J'espère que l'issue du vote de jeudi sera favorable au maintien. Un résultat défavorable nous serait préjudiciable à plusieurs titres. Tout d'abord, nos difficultés de recrutement pourraient s'accroître",précise celui qui déclare employer en moyenne 20 % de britanniques contre 80 % d'étrangers. "Au Royaume-Uni, l'offre de formation professionnelle en restauration est largement insuffisante proportionnellement au nombre de restaurants, de sorte que nous recrutons inévitablement une forte proportion de non britanniques. Jusqu'à présent, l'embauche de personnel étranger européen est facilitée grâce à l'appartenance à l'UE et par la présence d'une forte proportion de jeunes étrangers désireux de travailler dans ce secteur. Ceci risque d'être remis en cause si le pays quittait l'Union Européenne", s'inquiète-t-il. Un sentiment qui va dans le sens du rapport émanant de la BHA qui souligne par ailleurs que le secteur représente "un tiers des nouveaux emplois crées pour les 16-24 ans" et que "30 % environ des employés de l'industrie hôtelière au Royaume-Uni sont étrangers".
Autre inquiétude souligné par Pascal Aussignac : la hausse prévisible des coûts d'importation des matières premières indispensables à l'identité culinaire de ses restaurants de gastronomie française et plus précisément du Sud-Ouest.
Quelque soit l'issue du vote de jeudi, la question du Brexit a déjà certainement exacerbé un sentiment d'incertitude générale qui n'a fait que s'amplifier durant ces derniers mois. Pour l'irlandais David Moore, propriétaire associé de plusieurs restaurants gastronomiques et bars à thème employant près de 180 personnes au total, la question du Brexit a un effet négatif sur ses ventes depuis le début de l'année. "Habituellement nos ventes sont majoritairement corporate mais depuis le début de l'année celles-ci sont bien moins importantes. Selon moi, c'est le signe d'un manque de confiance lié au Brexit, et j'espère qu'une fois le vote passé, les affaires démarreront enfin pour cette année", explique le chef d'entreprise qui se dit confiant quant au maintien de son pays dans l'Union Européenne, tout en croisant les doigts.
Rappelons que le résultat du référendum n'est pas juridiquement contraignant. Autrement dit, il n'est pas certain que le gouvernement entame les démarches de retrait si une faible majorité en faveur du 'Out' se dégageait.
Publié par Tiphaine BEAUSSERON