L'affaire, un restaurant gastronomique, était un peu en perte de vitesse. "Nous, nous voulions quelque chose de décontracté." Le couple rachète du fonds de commerce, fait plusieurs aménagements et ouvre La Gabarre en mai 2010. L'année suivante, l'établissement obtient un Bib Gourmand.
Le restaurant compte de nombreux atouts, dont son cadre (avec de larges terrasses de 60 couverts avec vue sur la Dordogne), une cuisine qui attire et qui plaît, un approvisionnement local mis en avant, et un emplacement à 15 minutes de la sortie de l'autoroute à Souillac. L'affluence est là et la Gabarre affiche souvent complet.
En pleine saison
Revers de la médaille, "nous avons perdu une partie de la clientèle locale qui s'est lassée de ne pas trouver de place et qui n'est pas habituée à réserver", souligne Ludovic Raymond. Puis, en 2015, la nouvelle municipalité de Saint-Julien-de-Lampon lance des travaux de voirie prévus de longue date sur la route qui mène à La Gabarre. "Nous en avions discuté plusieurs fois avec les élus, les anciens et les nouveaux, pour leur demander de les exécuter plutôt en hiver, pour être avertis des dates de leur réalisation et donc s'organiser en fonction. Mais nous avons eu la surprise de voir le chantier commencer début juin 2015."
Au début, la départementale n'est pas complètement fermée, donc "il y a eu peu de répercussions". Puis, au fur et à mesure de l'avancée des travaux, la route est barrée et des déviations mises en place. "Sur des toutes petites routes, soit dix minutes de trajet de plus pour nos clients. Nous avons essayé de réagir, de prévenir les clients, leurs proposer des trajets plus intéressants et de gérer la signalisation de La Gabarre."
Moins 50 % de chiffre d'affaires
À la réouverture, en mars 2016 les travaux continuent. Et là, c'est le coup de massue. "Nous avons perdu 50 % de notre chiffre d'affaires sur avril et mai. Les clients fuient les déviations. C'était devenu trop compliqué pour eux et le bouche à oreille a fonctionné en négatif pour nous."
Ludovic Raymond et Valentine Couderc envisagent de partir. Les travaux sur la départementale s'achèvent en juillet 2016, mais d'autres sont prévus dans le centre-bourg à partir de l'automne. Comme la route menant au restaurant passe par le village, le couple se résoudd à partir, le bail dénoncé. La vente du fonds de commerce devient impossible car le propriétaire "voulait doubler le loyer d'un repreneur potentiel."
Le matériel de cuisine et autres éléments du fonds de commerce sont donc vendus, tous les fournisseurs et les salaires des quatre employés réglés. Fin septembre 2016, La Gabarre ferme ses portes.
Depuis, Ludovic Raymond a retrouvé une place, comme salarié, à Clermont-Ferrand (Ouy-de-Dôme). Sa compagne est devenue commerciale pour un artisan glacier du Périgord. "Ici, on me laisse les mains libres, donc c'est parfait !" souligne le chef qui participe activement au lancement du Bistro d'à côté. Et il vise un Bib gourmand.
Publié par Pierre BOYER
jeudi 15 juin 2017