Anne-Laure Faubert : Les hôtels et les restaurants ont tout-à-fait la possibilité de mettre en place des stratégies de différenciation et de fidélisation fondées sur l'histoire et les arts. Les clients veulent connaître l'origine des produits, des aliments, ils sont aussi sensibles à ce supplément d'âme culturel qui va leur donner envie de revenir. Ca vaut pour tout type de clientèle, locale, nationale ou internationale et quel que soit l'établissement.
Les produits d'accueil ou dérivés existent, ce n'est pas nouveau. Tout de qui est haut de gamme développe des produits autour d'une thématique propre ou d'événements. Vous dites, si je comprends bien, que la plupart des hôtels et restaurants pourraient en faire autant ?
D'abord je suis étonnée que des restaurants ou cafés historiques de Paris n'en développent pas ou si peu, alors qu'il y aurait tellement de belles histoires et d'anecdotes à raconter sur les clients qui ont jadis fréquentés leurs salles. Il faut toutefois faire cette distinction : décliner des produits dérivés au nom ou logo de son établissement est une chose, réfléchir aux valeurs véhiculées par des personnalités illustres et les retranscrire en est une autre. Et puis, tout le monde n'a pas eu Simone de Beauvoir parmi ses clientes. En revanche, il est toujours intéressant de se pencher sur l'histoire locale. Prenons un hôtel situé dans un château où dans une ville dont les blasons seraient composés de roses. Les propriétaires peuvent réfléchir à décliner des chambres et des produits du petit déjeuner autour de cette thématique. « Mignonne allons voir si la rose » de Ronsard est l'un des poèmes les plus connus de la langue française. La déclinaison peut alors se faire autour de ce poète ou autour des différentes variétés de roses avec un bref descriptif. Même chose pour la partie restaurant, qui peut très bien jouer sur cette métaphore culturelle. Prenons la pomme de terre, qui appartient aux armoiries de Neuilly-sur-Seine ; c'est dans la plaine des Sablons que Parmentier expérimenta ses premières cultures. Récemment, une boulangerie de la ville a créé le pain Parmentier, à base de pomme de terre, seigle et farine de meule. Le succès est là.
Cette offre culturelle dont vous parlez est-elle financièrement à la portée d'une majorité d'établissements ?
Cette offre est multiforme puisqu'elle va d'une réflexion autour d'axes culturels et des valeurs que souhaite porter l'établissement à un accompagnement plus poussé avec mise en place des préconisations. Ce qui est important, c'est de déceler ce qui peut être réellement porteur pour un établissement et qui va lui permettre de créer un lien privilégié avec sa clientèle. Il faut, pour créer un lien réel, que ce qui est mis en avant soit fondé et puisse évoluer dans la durée.
Publié par Propos recueillis par Sylvie Soubes