“Le secteur des CHR a encore de l’avenir. Il propose toujours de belles opportunités en France comme à l’international.” Vivien Ivanyi, à la tête du cabinet de conseil Heyward Group France, reste optimiste face à la difficulté rencontrée par les professionnels des CHR pour recruter. “L’ascenseur social fonctionne pour les jeunes diplômés. Après deux ou trois années de sacrifices, ils grimpent dans la hiérarchie. C’est ainsi que beaucoup de nos collaborateurs ont été promus au sein de notre siège parisien”, explique Solenne Devys, directrice générale du groupe Okko Hotels. Malgré cela, elle reconnaît que certains managers sont partis, “car ils n’avaient plus envie de travailler dans l’hôtellerie”. Démission, reconversion et nouvelle vie de bureau avec week-end et horaires fixes : les quadragénaires sont tentés. Les jeunes diplômés, pour leur part, acceptent des postes de management si le salaire est revu à la hausse. Solenne Devys parle d’une inflation “de 10 000 à 20 000 € par an”. Mais tout le monde ne peut pas suivre.
“Un poste avec semaine de quatre jours et bureau dans Paris, ça fait la différence”
Les profils les plus difficiles à trouver ? “Ceux pour occuper les postes en bas de l’échelle. Avant, certains faisaient le choix de devenir serveur. Aujourd’hui, ce type de personne est une denrée rarissime. Et pour cause : en quittant le secteur des CHR, ils trouvent des contrats pour un salaire deux fois plus élevé”, constate Solenne Devys. Toutefois, le salaire ne fait pas tout. La directrice du groupe Okko en a la preuve au quotidien, sur le terrain. “Lorsque nous proposons un poste au siège avec semaine de quatre jours et bureau dans Paris, ça fait la différence”, dit-elle. La politique de RSE (responsabilité sociétale des entreprises) instaurée par le groupe est également un argument convaincant. “Pour se projeter dans une entreprise, la majorité des jeunes ont besoin de mettre du sens dans leur implication, leur engagement. La RSE est un impératif aujourd’hui pour un groupe ou un établissement”, souligne Vivien Ivanyi, qui a l’habitude de coacher des profils fraîchement diplômés.
“L’hôtellerie a changé de visage”
“Toute l’organisation du travail est à repenser, surtout dans les hôtels.” Solenne Devys en est convaincue. Avis partagé par Vivien Ivanyi : “Il faut responsabiliser les salariés, notamment en leur permettant de travailler de façon transversale, pouvoir passer d’un poste à un autre, d’un service à un autre. Car le client veut avoir quelqu’un qui peut prendre en charge toute sorte de demande et solutionner toute sorte de problème.“ Le chantier est vaste. Solenn Devys se dit à l’écoute de propositions ou autres pistes à suivre de la part des syndicats du secteur des CHR. “Mais ces instances n’ont pas de femmes de mon âge dans leurs rangs. Or l’hôtellerie a changé de visage“, nuance celle qui adhère à NextGen. “Il s’agit d’un business club informel, où nous nous retrouvons entre hôteliers de notre génération. Nous échangeons ensemble régulièrement et, durant le Covid, j’ai beaucoup appris grâce à ce groupe“, détaille la patronne d’Okko Hotels. Quant à Vivien Ivanyi , elle ajoute : “Il faut revaloriser les métiers des CHR. Certes, le secteur peine à trouver ses talents, mais les techniques s’apprennent sur le terrain. Un diplôme, c’est bien, reste qu’il serait bon aussi de privilégier l’individu, sa personnalité, voir ce qu’il peut apporter à une équipe, l’aider à développer ses compétences.“ Elle parle d’accompagnement personnalisé, à l’instar d’un parcours client, “car c’est gagnant pour tout le monde“. “Toute la profession doit se mettre autour d’une table et réfléchir ensemble“, conclut Solenne Devys. Ce sera chose faite à EquipHotel, le 10 novembre prochain.
Conférence 'Hôtellerie Restauration : plan de carrière et ascenseur social', avec Solenne Devys (DG du groupe Okko Hotels), Emmanuel Sauvage (DG du groupe Evok), Valérie Bisch (Tovalea Executive Search) et Vivien Ivanyi (Heyward Group France) : jeudi 10 novembre 2022 de 11 h 30 à 12 h 15 sur le Talks Hospitality & Tech du salon EquipHotel, pavillon 7.1, Paris, porte de Versailles (XVe).
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Publié par Anne EVEILLARD