Avec une croissance de 51 % sur les deux dernières années (total RHD - chiffre à septembre 2019) et un dynamisme deux fois supérieur à la commande livrée, les achats en « click & collect » s'imposent comme la nouvelle tendance à suivre. Décryptage.
La force tranquille
Avec 323 millions de visites (cumul annuel au 30 septembre 2019), la restauration en « click & collect » supplante la restauration livrée (247 millions de visites). Un combat aux allures de David contre Goliath qui fait la part belle à un service offrant plus de confort, tout en maintenant une certaine proximité dans l'acte d'achat. Maria Bertoch, experte foodservice au sein de The NPD Group analyse : « c'est dans la flexibilité qu'elle offre au consommateur que la vente en « click & collect » tire son épingle du jeu. Une souplesse qui prend toute sa dimension à l'heure du déjeuner puisqu'en anticipant sa commande, le client bénéficie d'un large choix de plats, se dispense de frais de livraison et évite l'attente aux heures de pointe. De véritables atouts pour les restaurateurs situés en zones commerciales ou dans les quartiers d'affaires, quand on sait que les queues interminables peuvent être synonymes de perte de client ».
L'humain avant tout
C'est dans le circuit de la restauration rapide, où elle est au coude-à-coude avec la livraison, que la vente à emporter prend toute sa dimension. Alors que les agrégateurs de services de livraison donnent accès à un large choix d'établissements (jusqu'à 2 km à la ronde), la vente à emporter mise sur la proximité et la praticité. Le restaurateur de quartier a ainsi toutes les cartes en main puisqu'il est en relation directe avec le client final et peut nouer avec lui un lien privilégié grâce à des programmes de fidélité et des menus attractifs. Loin des services de livraison payants et anonymes, il garde un œil sur la qualité des plats servis et incarne les valeurs de l'établissement.
App pour tous
Si plusieurs enseignes de chaînes de restauration, telles que La Brioche Dorée, La Mie Câline ou Pomme de Pain, ont développé leur propre application de service « click & collect », d'autres, comme Subway, optent pour des partenariats avec agrégateurs existants (Uber Eats, Deliveroo, etc.). Les commerces de proximité, qui veulent plus que jamais leur part du gâteau en développant leur propre offre de restauration (Bon app ! de Carrefour, le salad-bar de Franprix, etc.) commencent eux aussi à proposer un service de précommande. Ça bouge également du côté des indépendants, puisque les boulangeries classiques, qui ont bien compris les atouts du numérique, font de plus en plus appel à des prestataires tiers, comme Rapidle ou Speedle, pour digitaliser leur offre.
De proximité à écoresponsabilité
La vente à emporter surfe sur la tendance d'un consommateur qui remet en question des habitudes d'achat en conflit avec des valeurs écoresponsables. Flexibilité et progrès, oui, mais pas au prix d'un système qui détruirait l'offre locale. Maria Bertoch, poursuit : « De nouvelles plateformes voient le potentiel de ce segment et cherchent à y apporter une valeur ajoutée. Ainsi, des prestataires comme Too Good to Go - un agrégateur qui lutte contre le gaspillage alimentaire et incite ses clients à venir récupérer leurs achats avec leur propre contenant - offrent une option « verte ». Cette prise de conscience commence peu à peu à rentrer dans les mœurs puisque, depuis quelques mois, Deliveroo Australie récupère les emballages après la livraison, tandis qu'au Royaume-Uni, une enseigne de livraison de pizzas a opté pour des emballages inox qui sont repris ensuite chez le client. Quand le recyclage renforce la fidélisation client : tous les voyants sont au vert !