Paris
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La plupart des hôtels font appel à un prestataire extérieur pour fleurir leur établissement.
Publié le 03 octobre 2016 à 11:22
Majid Mohammad dans sa boutique de Montmartre
Une composition florale pour l'hôtel Le Narcisse Blanc, par Julian Tonnellier, fleuriste à Paris (VIe).
Si quelques grands établissements hôteliers entretiennent à demeure un fleuriste, nombres d'entreprises du secteur confient cette mission à des prestataires extérieurs. La plupart des établissements hôteliers font appel à un prestataire extérieur pour fleurir leur établissement.
"Toutes les fleurs ont leur place dans un hôtel"
Majid Mohammad est devenu compositeur
de décorations florales dès son arrivée en France en 2001 : "C'était en
souvenir de mon enfance en Iran, bercée par les odeurs d'oeillets, j'ai d'ailleurs
été choqué à mon arrivée en France de constater que les fleurs étaient si peu parfumées,
peut-être le climat." En 2013, il quitte la boutique du Marais où
il travaillait pour ouvrir Muse, à Montmartre. Sa clientèle chic le suit et s'étoffe. Gilles
Marchal, ancien chef pâtissier du Bristol et du Plaza Athénée est un fan :
"Avec Madjid, les bouquets adoptent un esprit ancien [légumes, vieilles
espèces, NDLR], façon nature morte, poétique ou un peu fou."
"J'ai souvent carte blanche mais avec parfois
des contraintes comme la couleur des vases. Avec les hôteliers, nous convenons
d'un abonnement, à partir de 50 euros mensuels. J'élabore alors une ou
plusieurs compositions florales en fonction de l'emplacement, de la couleur du
plafond, de la présence de climatisation, de chauffage ou de courants d'air,
direction de la lumière. Nous passons au moins une fois par semaine pour
changer l'eau, les fleurs et nettoyer les vases. Pour les plantes, nous
proposons des contrats d'entretien avec deux passages annuels. Toutes les
fleurs ont leur place dans un hôtel même les chrysanthèmes qui sont associées à
la Toussaint. Pour ma part, j'évite seulement les Lys en raison des risques d'allergies
et d'odeur", explique le fleuriste.
La crise fane les hôtels
Flor A Dhoc travaille
avec des dizaines d'hôtels en France à qui elle propose des fleurs
artificielles pour un prix quatre fois moindre que celui des fraîches.
"Nos fleurs sont réalisées à partir d'une base tissus avec une finition
qui donne un aspect bluffant. Une résine dans le vase imite l'eau. Nous louons
un bouquet pour 65 euros HT par mois. Nous venons de perdre un gros contrat de
100 bouquets avec un hôtel de luxe parisien en raison de la crise. Les fleurs sont
les premières lignes de budget qui sautent", regrette le patron, Yann
Delacour.
Comme la gastronomie,
la décoration florale doit respecter les saisons
"Nous mettons en
fleurs de nombreux hôtels comme l'InterContinental Paris Le Grand (Paris, IXe)
ou la Réserve (Paris, VIIIe)", explique Julian Tonnellier, fleuriste à Paris (VIe) depuis 13 ans. "Je m'inspire des peintures de l'architecture
mais aussi des attentes du directeur de l'hôtel. Les fleurs passent par trois
phases : montante, excellence et descendante. Cette dernière n'a pas sa place
dans un lieu luxueux alors il faut les changer tous les quatre jours. Les
compositions doivent suivre les saisons. En ce moment ce serait plutôt les
couleurs chaudes, le chrysanthème, les églantiers dont les branchages sont
gorgés de fruits et de baies qui font vivre les bouquets. Décoré un hôtel de fleurs
blanches toute l'année me paraît aussi incongru que de cuisinier des fraises en
hiver ", précise le fleuriste, meilleur ouvrier de France, qui conçoit
que les fleurs très odorantes (Lys, roses de jardin, Fritillaires…) sont
malvenues dans les salles de restaurant où "il ne faut pas tuer l'odeur des aliments".