“En quinze jours, j’ai réuni 250 000 € auprès de 50 actionnaires pour sauver les remontées mécaniques. Même le pharmacien et le notaire de Seyne, dans la vallée, ont participé au sauvetage. Réunir une telle somme en si peu de temps, dans un pays pauvre, démontre la mobilisation de la population”, clame Alain Quièvre, 58 ans, qui fut porteur du dossier de reprise. Cet ancien directeur de la station de ski de Samoëns (Haute-Savoie) venu s’installer en 2005 au pays de sa femme, Odile, ancienne chargée de communication de la station des Carroz d’Arâche (Haute-Savoie), exploite en famille une ancienne résidence de vacances des chantiers navals de Marseille.
Sur les ruines du bâtiment, la famille Quièvre va bâtir un hôtel-spa 3 étoiles de trente chambres qui réalise un million d’euros de chiffre d’affaires à l’année : la moitié l’hiver avec la station de ski, et l’autre moitié l’été avec les activités liées au lac voisin de Serre-Ponçon. “Nous sommes deux salariés à l’année et 22 en saison”, note l’hôtelier qui a dû faire face, comme les 450 habitants de la commune, à trois hivers successifs sans neige : “C’était surtout en début de saison. L’absence de neige à Noël a provoqué le déficit des remontées mécaniques et la volonté du nouveau maire de les fermer.”
Montclar, une histoire de clan et de clocher
Henri Savornin, le père d’Odile Quièvre, a été le maire de la commune pendant 55 ans. Il a lancé l’activité touristique en 1971, pour offrir une deuxième activité aux agriculteurs. “C’était déjà une belle histoire. Ce sont les fermiers qui ont donné leurs terres et cautionné les prêts pour bâtir la station. Il fallait retenir les jeunes”, explique Alain Quièvre. En 2014, les électeurs expriment le désir de changer d’élus. La situation économique de la commune n’est plus la même. Les subventions agricoles en zones rurales de revalorisation permettent aux agriculteurs, surtout des éleveurs, de vivre de nouveau de leur exploitation tout au long de l’année. Plus aucun fermier ne travaille, comme jadis l’hiver, au damage, aux remontées ou au comptoir d’un magasin de sport, “sauf un qui est locataire de son exploitation agricole”. L’activité touristique ne s’impose plus comme une nécessité. “C’est dans ce contexte que le maire aurait fermé les remontées, notre outil de travail, si le sous-préfet, Richard Mir, n’avait pas imposé la recherche d’un repreneur”, raconte Alain Quièvre, devenu Maître-Restaurateur en 2008.
300 emplois préservés
Henri Savornin, était un promoteur. C’est lui qui a fait bâtir le premier hôtel de la station en 1971, le Bel-Air, aujourd’hui dirigé par son fils, Bruno. Un deuxième hôtel voit le jour trente ans plus tard : l’Espace, construit aussi par l’ancien maire et dirigé par sa seconde fille, Françoise, et son petit-fils, Sébastien. Puis le Domaine de l’Adoux apparaît en 2005, toujours dirigé par la famille Savornin, de quoi alimenter les jalousies dans un village déchiré entre tourisme et agriculture. “Nous avons 100 lits hôteliers sur une commune de 4 000 lits, ce qui est beaucoup. Le Domaine de l’Adoux a une activité diversifiée alors que les deux autres hôtels, logés au pied des pistes, sont très liés à l’activité hivernale. Nous avons sauvé 300 emplois dont 50 aux remontées mécaniques”, liste l’hôtelier qui préside la SAS Montclar Domaine Skiable.
En octobre 2017, le groupement d’actionnaires, en plus de prendre le contrôle de la station, reçoit 600 000 € de la région. “Nous avons pu construire une retenue d’eau pour alimenter les canons dont nous avons changé les perches. La station est sauvée”, souffle Alain Quièvre.
#Montclar# #DomainedelAdoux# #HotelSaintJean# #HotelEspace#
Publié par Francois PONT