Dans quel esprit abordez-vous ce congrès ?
Ce congrès 2018, intitulé ‘Ici on recrute’, doit être l’occasion de lever tous les tabous. Cet été, près de 100 000 postes n’ont pas été pourvus dans l’hôtellerie et la restauration, avec des conséquences graves sur l’activité, entrainant des fermetures hebdomadaires en pleine saison touristique, du stress, un accueil qui n’est pas à la hauteur des attentes, de multiples problèmes, allant jusqu’à la fermeture définitive d’établissement. Ce n’est pas possible de se retrouver dans ce contexte, alors qu’il y a tant de personnes et de jeunes en recherche d’emploi en France. Notre secteur offre pourtant beaucoup de débouchés et d’opportunités différents.
Les jeunes en sont-ils convaincus ?
Présentée dans son intégralité lors du congrès, l’étude BVA réalisée pour le Fafih sur l’attractivité du secteur, montre que les jeunes ont une bonne image du secteur mais que seulement 20% entrent par passion et 40% par défaut. Il faut inverser cette donne. Une majorité doit entrer par conviction. Cette enquête, qui a été effectuée à notre demande et à la suite des Assises de la Restauration que nous avons organisées, montre aussi le ressenti des jeunes à l’égard de nos entreprises ; ses résultats doivent nous servir de prise de conscience. Tous les chefs d’entreprise doivent se remettre en question, même ceux des plus petites. De la même manière que nos salariés et nos clients évoluent nos métiers évoluent, et cassent nos codes et nos habitudes
Que proposez-vous ?
Nous allons présenter plusieurs pistes concrètes qui vont aborder toutes les phases du recrutement mais aussi un nouveau contrat de travail, qui doit répondre aux attentes des jeunes et à la flexibilité des métiers de services. La branche doit être fière d’avoir mis en place un dispositif conventionnel riche, basé sur un dialogue social permanent ; je vous rappelle que depuis la convention collective de 1997, de nombreux avenants ont été pris et continuent d’être signés. Grâce à une collaboration de l’ensemble des organisations paritaires, employeurs et salariés, notre secteur a été le premier à instaurer une mutuelle de branche et à faire bénéficier ses salariés d’aides sociales (permis de conduire, garde d’enfants, parent isolé…). Mais ces atouts, pourtant très importants, ne suffisent pas aujourd’hui. La profession doit impérativement travailler sur sa communication auprès des jeunes, des parents, des publics en reconversion. Nous devons avoir en tête que nos clients sont nos premiers prescripteurs et nos salariés nos premiers commerciaux. Notre objectif est aussi d’accompagner nos entreprises à créer leur « marque employeur », à donner aux petites et moyennes la capacité de mettre en place une véritable politique RH et, pour cela, nous devons mettre sur la table tout ce qui peut être fait et accepté.
Quels sont les dossiers de l'Umih qui ont été les plus marquants cette année ?
La réforme de la représentativité qui a confirmé notre place de leader, la mise en œuvre des sanctions contre les plateformes et les loueurs qui ne respectent pas la législation, un accueil des apprentis mineurs facilité, la campagne CimerAlbert, les Assises de la ruralité qui ont donné lieu à un manifeste largement diffusé, l’annulation du décret performance énergétique par le Conseil d’Etat, le rassemblement actif des acteurs du tourisme au sein de la CAT, l’assignation que nous venons de déposer contre Airbnb pour concurrence déloyale… Et le sujet des préenseignes dérogatoires pour les établissements en zone rurale ; le Conseil constitutionnel vient de retoquer cette disposition, pourtant adoptée de manière consensuelle par l’Assemblée et le Sénat. Nous allons poursuivre notre mobilisation sur ce sujet. Au sein de notre organisation et pour nos adhérents et leurs salariés, nous avons également lancé Umih PASS. Cette plateforme numérique combine l’équivalent d’un comité d’entreprise, avec une centrale d’achats, et un portail extranet qui offre au chef d’entreprise l’accès à une information fiable sur la gestion de son entreprise. C’est un outil pratique, gratuit, destiné à faciliter la vie du chef d’entreprise et à fidéliser les salariés du secteur.
Vous êtes pour la création d’une 6ème catégorie d’ERP, pourquoi ?
Les petits établissements font face à une réglementation contraignante et très complexe avec des normes qui impliquent des investissements lourds, qu’ils n’ont pas les moyens de financer. Il existe aujourd’hui des aménagements aux réglementations sécurité incendie et accessibilité pour les hôtels accueillant au maximum 20 personnes (10 chambres) et sécurité incendie pour les cafés-restaurants recevant jusqu’à 19 personnes. Nous demandons l’élargissement de cette ‘réglementation allégée’ aux établissements recevant jusqu’à 30 personnes, pour créer ainsi une 6ème catégorie d’ERP. Il s’agit de s’adapter à la réalité des structures.
Publié par Sylvie SOUBES