Comment vivez-vous la situation actuelle ?
J’ai deux entreprises, dont l’une est totalement fermée puisqu’il s’agit d’une discothèque. Quant au restaurant nous avons dû nous adapter. Avant, nous avions un à deux bus de groupe d’étrangers par jour. En juin, nous avons réalisé 50% de chiffre d’affaires en moins, en juillet et en août, ça été meilleur. A la rentrée nous étions à 70% de chiffre d’affaires et c’est redescendu en octobre. Nous avons utilisé le chômage partiel. D’habitude, une saison c’est six mois. Cette année, c’est trois mois. Mon mari et moi n’avons pris aucun salaire et bien sûr aucun jour de repos avec un établissement qui fonctionne 7 jours sur 7.
Le PGE est-il une bonne réponse ?
Je fais partie des personnes réticentes au PGE, car c’est une dette. Compte tenu de l’évolution de la situation, nous avons fini par le demander récemment. Je ne sais pas comment les entreprises qui l’ont demandé et déjà utiliser vont faire. Toutes les collectivités ont mis en place des aides, mais il va falloir rembourser. La période est d’autant plus compliquée qu’il faut faire attention à tout et tenter d’avoir une vision à moyen terme. Le climat est anxiogène et il n’y a plus de consommation spontanée. Ils ne viennent pas au restaurant dans le même esprit actuellement.
Comment voyez-vous l’avenir des discothèques ?
Cela fait 7 mois que nous sommes fermés. Si je devais rouvrir maintenant, il faudrait évidemment que je réduise ma capacité d’accueil mais je devrais prendre davantage de personnel avec rentabilité réduite. La période nécessite de repenser sans cesse son activité et je ne suis pas certaine que l’univers de la discothèque s’en sorte, surtout en zone rurale. Nous ne nions pas la crise mais nous sommes privés du droit de travailler. Les discothèques sont des entreprises saines et rentables qui participaient pleinement à l'économie française avant la crise. Elles avaient avant l’arrivée du Covid-19 une valeur économique et financière. Mais là elles ne valent plus rien et que vont faire les chefs d’entreprises qui ont pourtant investi et généré de l’économie, qui ont des familles, des charges à payer ? Sans aucune visibilité de reprise, il ne convient plus de se battre pour une réouverture sous des conditions sanitaires qui ne nous permettrons plus jamais d’être rentable.
Quelles solutions apporter à ce secteur alors ?
Nous devons dès maintenant pouvoir repenser le modèle de nos entreprises et nous engager dans leur mutation. Mais pour ça, il que faut que l’Etat s’implique autrement et c’est pourquoi je plaide pour l’instauration possible d’une indemnisation du fonds de commerce, qui se calculerait à partir du chiffre d’affaires, de la masse salariale et d’une estimation du fonds au 31 décembre 2019. Nous sommes environ 1 500 en France et seuls 200 à 250 clubs atteignent les 4 millions de chiffre d’affaires. Tous n’iraient pas vers cette indemnisation mais elle serait une solution réelle et efficace pour beaucoup. C’est un projet que je défends actuellement auprès des députés et des sénateurs.
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Publié par Sylvie SOUBES