Lorsque l'exploitant d'un restaurant n'est pas titulaire d'une licence
de débit de boissons à consommer sur place (licence IV, éventuellement licence
III), il doit, pour servir de l'alcool, obtenir une licence restaurant auprès
de la mairie du lieu de l'établissement.
• La petite licence restaurant permet de vendre les boissons du 2e
et du 3e groupes : vin, bière, cidre, apéritifs à base de vin, vins
doux naturels ou encore les liqueurs de fraise, framboise, cassis et cerise.
• La licence restaurant, dite également de plein exercice, permet la
vente de toutes les boissons alcoolisées autorisées en France.
Elles sont accordées aux restaurants dont l'activité essentielle est de
servir des repas et accessoirement de l'alcool. L'article L3331-2 du code de la
santé publique qui définit ces deux catégories de licences précise qu'elles ne
permettent la vente de l'alcool qu'à l'occasion des principaux repas et comme
accessoires à la nourriture.
► Les principaux repas
En se référant aux habitudes alimentaires des Français, les principaux
repas sont le déjeuner, le dîner ou le souper. En règle générale, on considère
que le déjeuner peut se prendre à partir de 11 h 30 jusqu'à 14 h 30.
Le dîner peut commencer vers 18 h 30 et se prolonger tard. Il s'agit alors
d'un souper, notamment servi après un spectacle.
Le petit déjeuner n'est pas considéré comme un repas principal, mais un
brunch servi tardivement (autour de 11 h 30) pourrait être considéré
comme répondant à l'exigence horaire du déjeuner.
► La composition du repas
Si au début du XXe siècle un repas devait comporter une
entrée, un plat et un dessert, nous sommes aujourd'hui bien loin de cette
définition. Les tribunaux ont défini de façon très extensive cette notion en
considérant que pour les touristes fréquentant les plages et campings, le principal
repas pouvait être constitué soit de sandwichs, soit de crêpes et de saucisses,
soit de merguez (cour d'appel de Poitiers 16 janvier 1976).
Néanmoins, le fait d'apporter des toasts et du pâté en terrine à des
personnes souhaitant consommer un whisky ne peut constituer un repas pouvant
justifier le service de boissons alcoolisées par un titulaire d'une licence
restaurant (cour d'appel de Montpellier 26 mai 1976). Les mets servis doivent être
suffisamment consistants pour constituer un repas. Une salade-plat devrait
répondre à cette définition.
► Le service de boissons alcoolisées
Si le service de l'alcool se fait à table lors du repas, le titulaire d'une
licence restaurant peut néanmoins servir l'apéritif à ses clients avant le repas
ou un digestif juste après, hors de la table, au bar ou en terrasse. En revanche, si aucun repas n'est
servi, il y a ouverture illicite de débit de boissons.
► Moins de contraintes
Une licence restaurant (petite ou de plein exercice) se distingue des
licences III ou IV sur plusieurs points.
• Les licences restaurant sont délivrées gratuitement par les mairies
lors de la déclaration de création, alors qu'il ne se crée plus de licences IV
et que les créations de licences III doivent respecter le contingentement. Pour les licences IV notamment,
la seule possibilité de s'en procurer est de l'acheter.
• Les licences restaurant ne sont pas soumises au respect des zones
protégées et peuvent s'implanter partout sans limites.
• Aucune condition de nationalité n'est exigée pour une licence
restaurant, alors qu'une licence de débit de boissons à consommer sur place ne
peut être exploitée, en dehors des nationaux, que par les ressortissants de l'Espace
économique européen (Union européenne plus la Norvège, l'Islande et le
Liechstenstein), et ceux des États ayant signé un accord avec la France
(Algérie, Andorre, Canada, République centrafricaine, Congo (Brazzaville), États-Unis,
Gabon, Mali, Monaco, Saint-Marin, Sénégal, Suisse et Togo).
Publié par Martine CROHARÉ
samedi 14 juillet 2018