Avez-vous toujours su que vous seriez cuisinière ?
Pas du tout ! Ce n’était même pas une option pour moi, même si j’ai toujours été passionnée de cuisine. Mon rêve était de devenir interprète de conférence. En arrivant en France, avant de valider ma maîtrise à la Sorbonne, je suis tombée enceinte et j’ai arrêté mes études. C’est à ce moment-là que la cuisine s’est imposée à moi comme une évidence. Je n’ai aucun regret, je ne me verrais pas faire un autre métier aujourd’hui.
Quelle importance accordez-vous à la transmission ?
Sans transmission, le savoir ne perdure pas. Apprendre sans partager revient à garder ses connaissances pour soi. Plus on transmet tôt, mieux c’est. Il est essentiel d’éveiller le goût dès le plus jeune âge, notamment à l’école ou à travers des associations qui militent pour une alimentation responsable. Savoir se nourrir, comprendre les aliments et leur origine, c’est fondamental.
Quel est l’élément clé d’une cuisine durable ?
La prise de conscience. Comprendre l’impact de nos gestes, même les plus petits, est essentiel. Il n’est pas nécessaire de révolutionner sa cuisine du jour au lendemain, mais chaque effort compte. En ce moment, je suis obsédée par la gestion de l’eau. Nous n’avons pas encore pleinement réalisé qu’elle pourrait venir à manquer. En cuisine, on en gaspille énormément sans s’en rendre compte. Chaque petit geste a son importance, et j’ai la conviction que ce sont ces petites actions qui mènent aux grandes réussites.
L’équipement dont vous ne pourriez pas vous passer en cuisine ?
Mes doigts ! Le toucher est un sens primordial en cuisine pour moi.
Avez-vous un plat signature ?
Je n’aime pas trop les étiquettes ni l’idée de me cantonner à un plat en particulier. J’aurais pu en avoir plusieurs, mais je préfère garder ma liberté culinaire.
Quelle est la clé pour être un bon manager ?
L’exemplarité. Être bienveillant, sympathique et accessible ne suffit pas si l’on ne montre pas l’exemple. La ponctualité, l’hygiène, l’adaptabilité… tout cela est essentiel. On ne peut pas diriger en restant enfermé dans une tour d’ivoire, il faut être sur le terrain, proche de ses équipes.
Êtes-vous proche de la nature ?
Je ne sais pas si on peut dire que je suis proche de la nature, mais j’aime l’idée de m’y retrouver. En tant que cuisiniers, nous transformons la nature au quotidien, donc un lien existe forcément. J’ai besoin de vivre entourée de plantes. Je crois profondément aux bienfaits de la nature, et parfois, simplement marcher pieds nus sur la terre me procure un réel bien-être.
Plutôt chasse ou pêche ?
Les deux ! Je cherche un équilibre et ne m’impose pas de règles strictes. Tout dépend des menus et des saisons. Aujourd’hui, avec les bouleversements climatiques, la pollution de l’eau et la sécheresse, il faut s’adapter en fonction de ce que la nature nous offre. C’est un dialogue permanent avec nos producteurs.
Combien d’heures de sommeil avez-vous par nuit ?
En moyenne 4 à 5 heures, mais d’une traite !
Quelle est votre ville de cœur ?
Marseille.
Quels sont trois produits indispensables dans votre cuisine ?
L’huile d’olive, le citron, le gingembre… et des herbes !
Combien de jours de repos avez-vous, vous et vos équipes, chaque semaine ?
Deux jours et demi pour les équipes. De mon côté, je prends quelques demi-journées ici ou là.
Quelle est votre boisson favorite ?
L’eau.
La meilleure chose que vous ayez goûtée dans votre vie ?
C’est une question difficile… J’ai goûté tellement de choses extraordinaires que je ne pourrais pas en choisir une seule. C’est une véritable palette de saveurs et d’émotions… Tout comme j’ai de nombreuses madeleines de Proust.
Quel est votre rêve pour l’avenir ?
Actuellement, mon rêve est de mettre en lumière la cuisine béninoise, qui a tant à raconter. J’aimerais contribuer à son rayonnement et participer à la formation gastronomique sur place, en aidant à mettre en place les bases nécessaires pour que cela puisse être fait de manière professionnelle. Tout cela, bien sûr, sans perdre l’identité culinaire qui fait la richesse de cette cuisine.
Publié par Julie GARNIER