Or, c'est le point crucial qui interpelle aujourd'hui l'ensemble de la chaîne alimentaire, des producteurs aux clients en passant par les transformateurs, distributeurs et prescripteurs dont les obligations multiples et à géométrie variable ne contribuent pas vraiment à la limpidité de la communication.
Alors que le Salon de l'agriculture bat son plein et que les débats sur la sécurité alimentaire et l'authenticité des produits occupent le devant de la scène médiatique, la profession ne peut rester en retrait d'une inéluctable évolution. D'autant moins que, des associations de consommateurs aux politiques, en passant par les acteurs de la filière, chacun exprime avec détermination un point de vue censé répondre aux exigences de l'intérêt général. Remarquons au passage que l'opposition quasi-unanime du 'clan' agroalimentaire français face au projet inattendu de la Commission européenne de réintroduire les farines animales dans l'alimentation piscicole a porté sur la place publique un débat qui risquait d'être occulté par le maquis bureaucratique.
C'est pourquoi il appartient aujourd'hui à l'ensemble de la restauration, dans ses différents segments, de s'imposer un effort de transparence qui ne pourra que lui être bénéfique. Et ceci sans tabous ni complexes : il n'est pas honteux de travailler avec des produits surgelés ou des ingrédients conditionnés industriellement, à condition de l'expliciter clairement et sans faux-semblant. Les restaurateurs italiens sont soumis depuis plusieurs années à l'obligation d'indiquer sur leur carte les produits congelés qu'ils servent aux clients. Les restaurateurs new-yorkais (c'est plus dur, mais c'est l'Amérique) doivent afficher sur leur devanture la note (A, B ou C) délivrée par les autorités sanitaires. Pour ceux qui n'ont pas eu l'indispensable A, difficile de survivre sans une sérieuse remise en cause.
La restauration française, qui dispose d'immenses atouts et de talents multiples, ne doit pas craindre une indispensable clarification.
Publié par L. H.