Après une lente maturation, la dématérialisation est enfin reconnue par les pouvoirs publics, qui ont toujours eu un rôle interventionniste dans la gestion des fameux tickets dont le délicat équilibre repose sur les intérêts pas forcément conjoints des émetteurs, des restaurateurs, des salariés bénéficiaires du système (environ 3,5 millions de personnes) et des entreprises qui participent à son financement.
C'est donc une véritable révolution dans le monde de la restauration du travail qui s'opère avec l'apparition de modes de règlements fondés sur les moyens contemporains de l'informatique et de la communication numérique.
Concrètement, à partir du mois d'avril, les salariés des 120 000 entreprises concernées et les quelque 180 000 commerces affiliés pourront utiliser une carte de règlement comparable à une carte bancaire - c'est là que la concurrence s'annonce la plus vive - voire par le biais d'une application pour portable qui devrait bien évidemment séduire les clients les plus jeunes, pour qui il est impossible aujourd'hui de se livrer à une quelconque activité sans le prolongement naturel de la main (et souvent, hélas, de la cervelle) qu'est devenu le smartphone.
Et le restaurateur dans tout cela ? A priori, il pourrait y trouver son compte dès lors que les délais de règlement seront considérablement réduits, d'un mois aujourd'hui en moyenne à 48 heures, selon les représentants de certains émetteurs de titres. Certes, mais l'arrivée massive des nouvelles technologies dans l'hôtellerie s'est révélée une splendide chasse aux pigeons pour les hôteliers qui ont mis du temps à réagir avant de se laisser complètement plumer par les pratiques parasitaires des agences en ligne.
Les réactions prudentes des restaurateurs à l'annonce du nouveau dispositif s'expliquent d'autant mieux qu'ils n'ont pas envie de connaître les mêmes tristes expériences. Notamment par des taux de commission en forte hausse au nom des hypothétiques bienfaits de 'l'innovation technologique'.
Publié par L. H.