Il n'est pas anodin que Laurent Fabius, l'un des plus influents membres du Gouvernement, et sans doute le plus 'capé' (normalien et énarque, Premier ministre à 35 ans, ancien président de l'Assemblée nationale), démontre qu'il possède également un sens aigu des réalités économiques du jour, face à une crise qui n'en finit pas d'empoisonner la situation sociale et le moral du pays.
En ayant obtenu le rattachement du secrétariat d'État au Tourisme à son département, le ministre concrétise sa conviction que la bataille du redressement se jouera essentiellement sur les marchés extérieurs, et que le rôle de la diplomatie, en sus de l'écrasante responsabilité des relations internationales dans un monde en effervescence permanente, consiste également à se préoccuper des questions d'intendance.
Preuve de cette évolution : sur les ondes, la semaine dernière, Laurent Fabius n'a pas hésité à prendre fait et cause pour une révision rapide et profonde du régime kafkaïen des ouvertures dominicales qui a pour résultat de laisser les touristes étrangers friands de shopping quitter Paris pour Londres ou Milan où l'on ne se pose pas le même genre de question quand il s'agit de faire des affaires et de favoriser l'emploi. Citant l'exemple ubuesque du quartier de l'Opéra à Paris, Laurent Fabius a rappelé que son classement en zone touristique - ce qu'il n'est pas aujourd'hui ! - permettrait la création de 1 000 emplois et générerait un chiffres d'affaires annuel de 150 M€.
En espérant que le réalisme prévaudra dans la conduite de la politique touristique du tandem Laurent Fabius-Fleur Pellerin, il faut souhaiter que leur volontarisme soit couronné du succès qu'il mérite.
Publié par L. H. R.