Dans un communiqué, le ministère explique que "les clauses figurant dans les contrats de Booking interdisent, notamment aux hôteliers, de proposer directement aux consommateurs des tarifs plus attractifs que ceux qu'il propose sur son site".
Sans être un inconditionnel de l'interventionnisme économique dont Arnaud Montebourg est un chaud partisan, force est de constater que cette décision vient à point nommé rappeler aux adorateurs du 'tout libéral' que l'économie numérique ne peut se résumer à la liberté du renard dans le poulailler. Et que dans un État de droit, il appartient à la puissance publique de faire respecter les règles de saine concurrence face aux abus des intermédiaires trop souvent en position dominante.
Car l'enjeu est essentiel pour garantir aux hôteliers à la fois la maîtrise de leur politique commerciale et leur capacité à investir dans la modernisation de leur outil de travail soumis à une concurrence de plus en plus vive sur le marché international du tourisme. C'est pourquoi l'action lancée par le ministère de l'Économie, qui avait déjà introduit un recours juridictionnel contre Expedia en février dernier et conforte les assignations lancées par les organisations professionnelles devant le tribunal de commerce l'an dernier, mérite d'être suivie avec attention.
Plus globalement, il est important que la puissance publique se décide enfin, tant au niveau national qu'européen (les institutions communautaires n'ont pas que des défauts) à poser des règles équilibrées entre partenaires du développement numérique qui n'en est qu'à ses débuts dans tous les domaines.
Il n'est pas indifférent que Google vienne d'être condamné par la Cour de justice de l'Union européenne à respecter le droit à l'oubli de tout citoyen qui s'estime victime d'une utilisation abusive de sa présence sur internet, comme il est tout aussi révélateur que notre ministre de la Culture s'empare du conflit entre Hachette et Amazon pour contraindre le géant de la vente en ligne à respecter la loi sur le prix unique du livre.
Tout n'est pas permis au nom de modernité technologique, et c'est une bonne nouvelle pour la profession.
Publié par L. H. R.