Il retrouve ensuite la terre ferme pendant cinq ans, au Hilton de Londres, jusqu'à ce que son profil de cuisinier-baroudeur n'attire le DRH de CIS.
Cette société marseillaise, spécialisée dans la restauration de l'extrême, apporte le gîte et le couvert aux gens qui travaillent en milieu hostile (plateforme pétrolière, région désertique, pays en guerre…). En mai 2012, il est affecté à la gestion de la base-vie d'In Amenas, un site gazier qui est pris d'assaut par le terroriste Mokhtar Belmokhtar huit mois plus tard. L'attaque se solde par la mort de 40 employés de dix nationalités différentes et de 26 terroristes d'Aqmi. Le cuisinier parvient à se dissimiler sous son lit. Il y restera 40 heures : "La deuxième nuit, des militaires algériens ont frappé à mon carreau, je suis sorti de ma cache car ils étaient accompagnés de deux collègues." Alexandre Berceaux est alors exfiltré par l'armée algérienne puis transféré sur une base de l'US Air Force en Sicile pour être débriefé : "J'ai ensuite été rapatrié jusqu'à Paris. Le retour a été très difficile. Seuls mes parents et Régis Arnoux, mon patron, m'attendaient à Roissy où j'avais demandé de sortir par une porte dérobée afin d'éviter les journalistes."
Il remet son tablier de cuisinier et retrouve le sommeil
Les trois années suivantes, Alexandre n'exerce aucune activité professionnelle : "Je n'avais plus de force. Ma psychologue semblait déroutée, elle se trouvait pour la première fois face à un cas comme le mien. J'avais besoin de comprendre ce qu'il m'était arrivé, qui s'en était sorti vivant", évacue le trentenaire qui salue la fidélité et la bienveillance de son employeur. "CIS a été formidable avec moi. Nous sommes convenus dernièrement d'une rupture conventionnelle. Nous sommes en excellent terme." Les premiers signes de rétablissement viennent avec la naissance de son premier enfant mais c'est dans la reprise d'un hôtel-restaurant de 13 chambres et 60 couverts, à côté de Verdun (Meuse), qu'Alexandre puise une nouvelle énergie. "Grâce à mon métier de cuisinier, j'ai enfin renoué avec cette bonne fatigue qui autorise enfin le sommeil. Début mars, nous avons été accompagnés par les précédents propriétaires pour faire connaissance avec les employés et la clientèle. Nous sommes complet depuis. C'est une revanche sur mon passé ,même si je sais que je vais devoir vivre avec", conclut le chef d'entreprise meusien. Les 300 jours de commémoration du centenaire de bataille de Verdun devraient assurer au Relais de Vacherauville un carnet de réservation aussi gonflé que l'enthousiasme retrouvé de son nouveau propriétaire.
Publié par Francois PONT