Au Novotel de La Rochelle, sous la houlette de Karim Laouamen, directeur de l'établissement franchisé du groupe Accor, il y a eu beaucoup de promotions et de changements au sein d'une équipe qui compte 28 salariés. C'est avec fierté que le directeur de cet hôtel de 94 chambres parle de Cédric, son ancien chef de cuisine devenu responsable de la restauration, de Montsé passée du poste de chef de réception à celui de sous-directrice, d'Elisabeth, recrutée à la plonge et désormais en poste en cuisine ou encore de Sandra, femme de chambre désormais gouvernante de l'hôtel.
En treize ans, ils ont ainsi été nombreux à prendre de nouvelles responsabilités ou à évoluer vers d'autres métiers de l'hôtellerie-restauration. Certains 'poulains' de Karim Laouamen ont même décroché des postes de direction d'hôtels. "Ce secteur offre toujours de belles opportunités de carrière quel que soit le niveau initial", déclare Karim.
Stratégie volontariste de gestion des compétences
Adepte de la transmission de compétences et de l'accompagnement des jeunes dans un métier où l'on peut grandir, il accueille également dans son établissement deux apprentis par an (salle et cuisine) ainsi que des personnes en situation de handicap. Les équipes se mobilisent pour entourer ces collaborateurs et la cohésion s'en trouve ainsi renforcée.
Cet état d'esprit a été déterminant dans la réussite de l'insertion professionnelle de l'un des serveurs reconnu comme déficient mental et qui travaille, depuis quatre ans, au contact de la clientèle du Novotel La Rochelle. Toutefois, cette dynamique ne s'improvise pas dans une petite entreprise. Le dirigeant doit y croire et mettre en oeuvre une stratégie volontariste de gestion des compétences. Karim l'a appris au fil de ses expériences. Et il s'est donné les moyens d'appliquer une politique des ressources humaines.
L'exemplarité, socle du management
Karim a gagné ses galons de manager sur le terrain. Pour cet ancien élève de l'école hôtelière de Strasbourg, il n'y a pas de leadership sans exemplarité. Le titre de chef ne suffit pas, loin de là. "J'ai tout fait dans les métiers de l'hôtellerie-restauration : bagagiste, barman en passant par la plonge, la cuisine ou la réception. C'est très important d'être capable de tomber la veste et de faire, si c'est nécessaire, le travail soi-même", déclare Karim.
Une anecdote l'a conforté dans cette certitude. Alors qu'il était directeur d'un hôtel, son chef de cuisine lui annonce que ce qu'il est censé faire est impossible et le met au défi de lui prouver le contraire. Karim jouait gros devant toute la brigade. Pourtant, il a pris le tablier tendu par le chef et a joué le rôle de commis. "J'avais gagné une crédibilité et surtout le respect des équipes et du chef."
L'expérience lui a aussi appris l'ABC du management. Ainsi, quand il est devenu, à 20 ans, Maître d'hôtel d'un restaurant gastronomique dans un Holiday Inn en Allemagne, il découvre la nécessité de savoir dire non. "On fait des erreurs et on en tire des leçons." Mais ses différentes formations lui ont aussi permis de mieux appréhender la posture du manager. "Il faut garder ses distances tout en restant à l'écoute et prendre des décisions tout en impliquant ses équipes."
Bousculer les habitudes pour aller de l'avant
Dans le parcours de manager de Karim, il y a eu un tournant. Une rencontre avec une responsable RH du groupe Accor a mûri son management. "J'ai vraiment compris que les ressources humaines ce n'était pas que du juridique et du social. L'objectif était bien de faire avancer ses collaborateurs dans une direction commune et de les aider à progresser."
Karim comprend aussi que certains salariés n'exprimaient pas spontanément leur motivation et qu'un entretien pouvait déclencher une ambition et des projets professionnels. "Il ne suffit pas d'être accessible et d'ouvrir son bureau. Il faut savoir aller vers ses collaborateurs." Le directeur du Novotel de La Rochelle a donc décidé de mettre en place des entretiens individuels et du coaching sur le terrain.
Il a ainsi détecté quatre talents et les a accompagnés dans leurs désirs d'évolution. "On prend du temps pour discuter, déterminer les points à améliorer et choisir une formation adaptée." C'est grâce à cette méthode que le chef de cuisine Cédric Perrigaud a pris confiance en lui, a perfectionné son anglais, ses connaissances informatiques et ses techniques du management pour être enfin prêt à assumer les responsabilités de responsable de la restauration.
L'ancien chef de cuisine a dû apprendre à déléguer, à informer et à anticiper. Il s'est aussi engagé dans un management participatif qui repose sur le dialogue y compris en cuisine bousculant les habitudes. Karim n'a pas non plus hésité à décloisonner les métiers entre la salle et la cuisine notamment. "Je n'ai rien imposé mais poussé les équipes à mieux se connaître et mieux se comprendre." Enfin, des repas réguliers avec ses chefs de service ont permis de créer du lien en favorisant la communication et les échanges.
Publié par Valérie Meursault