Frenchie : d'un bistrot de quartier à un groupe familial et international

Londres (Royaume-Uni) Comme beaucoup de jeunes, c'est pour apprendre l'anglais que Grégory Marchand avait traversé la Manche. Ce chef de cuisine, nantais d'origine, était à mille lieux d'imaginer qu'il aurait un jour son propre restaurant en plein Covent Garden.

Publié le 17 octobre 2016 à 17:58

Grégory Marchand s'est installé à Paris en 2008 lorsque sa femme, Marie, s'apprête à mettre au monde leur premier enfant. Il revient de New York, après être passé par Londres, Hong Kong, Marbella, l'Écosse... Après une dizaine d'années à l'étranger sous l'influence de chefs tels que Jean George Vongerichten (Hong Kong), Michael Anthony (New-York), Arthur Potts Dawson (Londres), Jamie Oliver (Fifteen, Londres), ou d'entrepreneurs tels que Danny Meyer (New York) et Nick Jones (Londres), le jeune chef de cuisine a envie de voler de ses propres ailes. "On a repéré un local rue du Nil [IIe]. Je n'avais que 200 000 € d'économies, mais grâce à des amis, on a pu rassembler un apport de 700 000 €, ce qui nous a permis d'emprunter 750 000 € sur sept ans au taux de 4,5 % pour acheter le fonds, réaliser quelques travaux et démarrer l'activité", se souvient-il.

Ainsi est né Frenchie en avril 2009. Nommé en clin d'oeil au surnom que lui avait attribué Jamie Oliver, le bistrot, de taille modeste (26 couverts) n'en est pas un moins un endroit accueillant mettant à l'honneur des produits frais, un menu simple, régulièrement renouvelé, le tout à un prix assez abordable pour le client ait envie de revenir.

l'époque, la rue du Nil ne comptait pratiquement aucun commerce", commente Marie Marchand, encore étonnée de la rapidité et de l'ampleur du succès, qui les a conduits à se développer et à se diversifier. Ainsi, en 2016, Frenchie c'est aussi un restaurant tout juste rénové par Émilie Bonaventure et à l'assiette plus élaborée, mais aussi Frenchie bar à vin, ouvert en 2011 sur le trottoir d'en face, Frenchie to go qui, à quelques mètres, sert des sandwichs et plats à emporter, et Frenchie Caviste né en 2015 de l'association avec le sommelier Aurélien Massé. Bref, une entreprise familiale, gérée habilement par Grégory Marchand aux fourneaux et Marie pour la partie gestion et marketing.
 

Londres, presque un retour aux sources

Quant à l'aventure Frenchie Covent Garden, à Londres, le dernier-né de la famille, c'est un peu par hasard qu'elle est amorcée. "Sans que ce soit vraiment précis, on se demandait si la prochaine étape de notre développement ne serait pas d'ouvrir à l'étranger", raconte Marie Marchand. Ces sont des rencontres fortuites et presque simultanées qui vont faire s'imbriquer les pièces d'une belle histoire : d'un côté les représentants de CapCo, les développeurs de Covent Garden à la recherche de renouveau pour ce quartier londonien. De l'autre, Pedro Novo, de la direction Export de Bpifrance, un client habitué de la rue du Nil, et qui est prêt à les aider. Lentement, l'idée de s'exporter se transforme en opportunité que le couple décide de saisir. D'autant que Londres, c'est presque un retour aux sources pour le chef.

"Grégory et Marie Marchand ont réussi à créer une cuisine contemporaine, un nom et une marque suffisamment autonomes pour pouvoir être exportés. Mais, à Londres, avoir le bon produit au bon moment ne suffit pas. Une aisance financière à la dimension de cette ambition est indispensable. C'est ce que nous leur avons apporté", témoigne Pedro Novo, de Bpifrance. La banque publique a en effet investi un million d'euros, pour moitié en crédit, pour moitié en capital. C'est ainsi que depuis février 2016, Grégory Marchand partage sa semaine entre Paris et Londres. Installé à Henrietta street, qui donne sur la place historique du marché de Covent Garden, un quartier commerçant, culturel et ultra-touristique en pleine mutation, ce restaurant de plus de 60 couverts sur deux niveaux, ouvert 7 jours sur 7 jours et employant une trentaine de personnes, est d'un tout autre gabarit que son bistrot parisien. En plus d'un investissement financier conséquent, il exige un important investissement personnel. "La présence du chef sur place est un incontournable, tout comme savoir être actif et réactif sur les réseaux sociaux, ce que l'équipe de Frenchie a su faire", glisse Pedro Novo, qui se dit fier de contribuer au rayonnement international de la cuisine française et d'avoir pu aider "ces artisans d'art de la gastronomie de devenir des exportateurs avertis de la bistronomie."


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Publié par Tiphaine BEAUSSERON



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