Hier à 22 h 45 sur France 2, le
téléspectateur n'imaginait sans doute pas le dispositif mis en place pour
filmer l'immersion d'une journaliste-serveuse dans les allées étriquées de la
brasserie du Père Fouettard (Paris, Ier) : un preneur de son avec une
perche, un cameraman et une stagiaire chargée de faire signer des droits à l'image.
"L'équipe était discrète. On a juste dû expliquer sa présence le premier jour. Alexandra Alévèque a vraiment travaillé à temps complet pendant trois semaines. Une fois, elle était du matin et voulait partir à 12 heures, je l'ai obligée à finir son service à 15 heures. Rien n'a été joué", détaille Nicolas Batinic, le directeur du restaurant.
Pour '21 jours derrière le zinc', l'équipe de Capa, le producteur,
cherchait une brasserie avec une terrasse pour ce tournage. Après une trentaine
de refus, une journaliste de Capa, cliente du Père Fouettard, arrive à convaincre
Olivier Flottes, le propriétaire, d'accueillir l'équipe de reportage
dans son établissement.
"10 km entre 17 heures et 2 heures du matin"
"Les journalistes ne sont pas toujours
bien vus des restaurateurs, peut-être à cause de l'hygiène ou du travail
dissimulé", tente Alexandra
Alévèque. Cette dernière reconnaît être sortie fourbue de l'expérience : "Grâce
à une application iPhone, j'ai calculé avoir fait 10 km le premier soir
entre 17 heures et 2 heures du matin. J'ai eu le sentiment d'avoir été
rouée de coups. Mais elle nuance :
Le prochain documentaire de 21 jours
consiste en une immersion dans le service des urgences de Lyon-Sud. En plus d'avoir
été épuisée physiquement, ce fut aussi douloureux moralement, contrairement à
la brasserie. Aux urgences, les gens meurent, rarement au restaurant."
Alexandra Alévêque aurait pu être
embauchée par Nicolas Batinic : "Elle était volontaire, rapide, serviable,
souriante et organisée". Démouler, faire tourner les tables…, l'expérience
aura impliqué pour la journaliste un 'reformatage cérébral' : "La
manière de réfléchir dans une brasserie est différente. On doit se souvenir de
50 choses à la fois, rationaliser les déplacements tout en racontant des
blagues avec un lourd plateau en équilibre sur le bras."
Le documentaire présente d'autres
réalités. "Tous les cuisiniers sont sri-lankais. Sans doute parce qu'ils se
cooptent mais surtout en raison de leur courage et de leur capacité d'acceptation,
car ils ont souvent fui la guerre et une vie difficile", analyse Alexandra Alévèque.
Publié par Francois PONT