Un mois avant la fin de saison, le 14 octobre prochain, une imposante grue viendra retirer, un à un, les 14 containers qui constituent le restaurant les Albatros à la Baule (Loire-Atlantique). “De grandes marées sont annoncées. On ne veut pas se retrouver dans 60 cm d’eau comme l’année dernière, alors le restaurant va rejoindre plus tôt son lieu d’hivernage dans un hangar”, explique la directrice, Delphine Albaret, dont le père, ingénieur, a eu l’idée en 2017 de convertir la baraque en bois qui servait des salades depuis douze ans en restaurant bistronomique de 160 couverts, logés dans 14 containers recyclés sur une emprise de 1 000 m2, face à la mer. “Ce type d’installation est idéal pour coller à la loi littoral. Veolia nous a donné une concession de 12 ans. Si nous la perdions, nous pourrions emporter avec nous notre restaurant”, plaisante à peine la jeune restauratrice, qui estime entre 50 et 80 000 € les frais de montage, démontage et de stockage en fin et en début de saison. “Pour contenir ces frais, nous mutualisons grue, camions et lieu de stockage en nous regroupant avec 8 établissements en containers de la plage de Pornichet”, explique la gérante du Kymye.
“Lorsque le Kaazar Klub à Fréjus a été ravagé par un incendie, nous avons réinstallé le restaurant et la plage privée dans 30 containers maritimes sur 600 m2 et en moins de deu mois. La saison a été sauvée. Et lorsque le plan local d’urbanisme [PLU] changera deux ans plus tard, il suffira d’articuler différemment ce lieu modulable pour rester dans les clous. Cette agilité est une vraie force dans un environnement incertain”, s’enchante Stéphanie Meli, responsable marketing de Maison ECO 3, dont l’activité a été multipliée par deux en un an et travaille à l’agencement d’un hôpital dans un container destiné à l’Ukraine.
Un restaurant clé en main dès 20 000 € HT
“L’image péjorative de la boîte à sardines s’est transformée en solution tendance, écologique, adaptable, pérenne, bien isolée et décorée, et disposant de toutes les normes en hygiène, incendie… Les délais de livraison sont rapides et on peut démarrer avec un container de 12 m2 avec une découpe en façade, une porte, un habillage des murs et du sol, la plomberie et l’électricité pour 25 000 € HT. La climatisation et un bardage extérieur sera en sus. C’est idéal pour démarrer. En cas de succès, d’autres modules peuvent venir s’accrocher au premier !”, résume Stéphanie Méli.
“Nous fêtons notre dixième anniversaire autant dire que le modulaire en France et dans les CHR n’est pas nouveau. Nous attirons désormais des publics très variés comme ceux des food trucks, qui voient dans les containers un moyen de gagner en capacité et en confort. On travaille aussi avec Accor sur des modules de 20 pieds pour loger des bars de piscine. En outre, nous louons des containers 'Snack Box' aménagés pour les CHR à partir de 699 € HT par mois. En fonction de l’éloignement, une livraison coûtera entre 300 et 700 € HT. Un restaurateur peut acquérir l’un de nos module clé en main à partir de 20 000 € HT. Nous avons un partenariat avec Metro pour l’équipement. Il faudra alors compter entre 20 et 30 % du prix du container pour l’achat, la livraison et l’installation du matériel”, précise Virginie Bobin de la société MouvBox, qui planche actuellement sur un projet d’aménagement cellulaire de logements en containers destinés aux travailleurs saisonniers.
Publié par Francois PONT