Le 20 janvier dernier, Paul Bocuse nous quittait. Le 6 août, c'est Joël Robuchon. Les deux hommes partageaient depuis 1990 le titre de cuisinier du siècle décerné par Gault&Millau (il s'agissait même d'un trio, avec leur confrère helvétique Frédy Girardet).
À 73 ans, Joël Robuchon était le cuisinier le plus étoilé au monde, comptant jusqu'à 32 étoiles. Une réussite exceptionnelle bâtie sur une technique culinaire et une créativité hors pair, qu'il a mesurées lors de nombreux concours professionnels. Prix Prosper Montagné, prix Taittinger, trophée national de l'Académie culinaire de France, meilleur ouvrier de France… Rien ne lui a échappé.
Apprendre et transmettre, c'était son credo et on le retrouvait fréquemment comme président de jury. Coprésident du Collège culinaire de France, il s'impliquait dans l'avenir de la profession. Comme sa région natale, où Poitevin-la-fidélité - son nom de compagnon - devait créer l'Institut international Joël Robuchon, à Montmorillon, dans la Vienne. "On m'a proposé de créer des écoles dans plusieurs pays, mais c'est ici que se trouvent mes racines. Je vais vous faire une confidence, j'ai commencé au Relais de Poitiers et je finirai ma carrière dans cette école", nous avait-il confié en 2015. Sa disparition met ce beau projet de transmission en péril.
Mais tous ceux qui ont eu le privilège de travailler à ses côtés ne laisseront pas se perdre son immense contribution au patrimoine culinaire français. Depuis plusieurs décennies, ses élèves dispensent à leur tour ce savoir et ce savoir-faire. Et la transmission, c'est aussi celle des valeurs qui lui étaient chères, comme la quête de la perfection et une exigence absolue envers son travail. Dans quelques mois, lors des prochains concours Un des meilleurs ouvriers de France et du Bocuse d'or, Joël Robuchon sera dans tous les esprits et, comme Paul Bocuse, dans toutes les mémoires. Pour toujours.