L'histoire du Carré du palais, à Avignon (Vaucluse), est un
long feuilleton qui a débuté en février 2013, quand la ville,
alors conduite par Marie-José Roig, a annoncé le lancement
d'une opération destinée à valoriser deux bâtiments remarquables
situés juste à côté du Palais des Papes. L'Hôtel des monnaies deviendrait une brasserie et l'hôtel
Calvet de la Palun, l'ancienne Banque de France, se transformerait en
restaurant gastronomique, bar à vins et résidence hôtelière, et
accueillerait aussi quelques boutiques de luxe. Le tout devait ouvrir ses portes avant l'été 2015... Quatre ans après ces
annonces, rien n'a changé à l'Hôtel des monnaies alors qu'à la
Banque de France, si les entreprises s'activent, trois mois de
travaux seront encore nécessaires pour concrétiser une première
phase. Celle qui concerne un bar à vins, une brasserie haut de gamme
ainsi qu'une salle de dégustation.
Car, entre-temps, Inter-Rhône,
l'interprofession de la vallée du Rhône, est devenu l'acteur majeur de
l'opération avec la volonté de faire du lieu une vitrine de la
viticulture.
Des doutes à la réalité
À son arrivée à la présidence
d'Inter-Rhône en novembre 2014, Michel Chapoutier a fait du
dossier du Carré du palais l'une de ses priorités comme il l'a
expliqué le jeudi 30 mars, lors d'une conférence de presse. Un
besoin d'informer alors que Jean-Marie Renaud, qui se
présentait comme architecte et travaillait sur ce dossier depuis son
origine, a été mis
en examen pour usurpation de diplôme, escroquerie, travail dissimulé
et blanchiment.
"En
juillet 2015, j'ai questionné cet homme sur le coût des travaux et
sur le rythme du chantier qui nous conduisait à retarder
l'ouverture. S'il s'est montré sûr de lui, il n'a pas apporté
toutes les réponses et j'ai fait baisser ses honoraires de 12 à
9 %",
a expliqué Michel Chapoutier. Mais les doutes ont vite repris le
dessus. Le vigneron a finalement sollicité un audit en janvier 2016
et intégré deux nouveaux professionnels qui ont détecté de
nombreuses anomalies sur le chantier comme l'absence de circuit
d'évacuation pour la cuisine ou d'accès pour les personnes à
mobilité réduite. "En
juillet 2016, nous avons décidé de casser le contrat, déposé
plainte et choisi le silence absolu pour ne pas perturber l'enquête
de la police judiciaire."
Alors
que le préjudice pourrait se chiffrer en centaines de milliers
d'euros, les artisans désormais sous la conduite d'une nouvelle
équipe technique devraient livrer une première tranche au tout
début de l'été afin que bar à vins et brasserie puissent ouvrir
leurs portes avant le festival. C'est en tout cas la promesse faite
par Michel Chapoutier qui doit par ailleurs résoudre un autre
problème de taille, puisque Jean-Marie Renaud détient 22 % des parts
de la société civile immobilière d'attribution (SCIA) qui coordonne l'ensemble de l'opération.
Publié par Jean BERNARD