L’Assemblée nationale vient de voter la défiscalisation des pourboires pour 2022 et 2023, qu’ils soient laissés en espèces ou de façon numérique. Cette mesure peut-elle significativement changer la pratique du pourboire et cela peut-il vraiment aider les employés du secteur à arrondir leurs fins de mois ? “Les Français sont plutôt pingres avec les pourboires”, annonce Rémi Ohayon, fondateur Api & You, une agence digitale spécialisée dans les CHR. L’idée, assez partagée derrière les comptoirs, que la clientèle française serait bien moins encline que la clientèle internationale à laisser un ‘tip’ est pourtant infirmée par une étude réalisée en mai dernier par le CSA pour la Fintech Lyf. Selon ce sondage, 77 % des français auraient l’habitude de laisser un pourboire, et deux fois plus à un serveur qu’à un livreur. Toutefois, un tiers des Français (35 %) et plus de la moitié des jeunes (58 %) expliquent ne pas être en capacité de donner, généralement par manque de monnaie.
“Depuis la crise sanitaire et l’augmentation du paiement sans contact, les paiements en espèces sont marginalisés. Ce constat impacte directement le niveau de pourboires pour les professionnels alors qu’ils sont actuellement très fragilisés”, déclarait alors Frédéric Leclef, directeur général délégué de Lyf.
“Les pourboires ? Il faut tout revoir ! D’abord, le tronc commun est une aberration pour les clients d’aujourd’hui. Ils veulent gratifier une personne en particulier et pas une communauté, clame Rémi Ohayon. On remercie avec un pourboire la personne que l’on a choisie. Lorsque l’on est satisfait du restaurant, de la cuisine, le client paye sa note.”“ La répartition collective des pourboires en retire le sens, alors le client ne donne rien, abonde Bernard Boutboul, fondateur et directeur du cabinet Gira. Nous sommes à l’ère de l’individualisme. En outre, le montant des pourboires perçus par chacun devrait être affiché chaque soir pour stimuler les équipes en contact avec le public.”
Solution dématérialisé
“Cela fait six ans que nous invitons les restaurateurs à s’inspirer de ce qui se pratique en Espagne. Lorsque le client saisit le TPE, avant de taper son code, la machine lui propose de donner 10, 15 ou 20 % pour le service par une simple validation. C’est imparable. Cela va directement sur le salaire du récompensé. Le digital est au point, c’est nous qui ne sommes pas prêts”, explique Bernard Boutboul. Le sondage CSA va dans son sens, puisque 60 % des Français seraient convaincus que le pourboire dématérialisé va aider à soutenir la réouverture des commerces. Et ils sont 40 % à estimer que les applications mobiles vont influencer, à la hausse, leurs futurs dons de pourboires. “Ce sont les téléphones qui sont désormais nos portefeuilles et ces solutions permettent d’attribuer la gratification à la personne que l’on souhaite en un clic”, conclut le patron de Gira.
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Publié par Francois PONT