Le restaurant L'Ecluse surplombe
la Seine et l'ancienne écluse de Tancarville. Presque un petit côté
guinguette avec ses tables et chaises de bois, des maquettes de bateaux et des
photos de l'établissement à sa création, en 1893, en décoration, des fenêtres
qui dominent le canal du Havre, une terrasse attenante, un comptoir où il fait
bon s'accouder pour bavarder. Sans
doute, y-a-t-il eu, au début du XXème siècle, quelques accordéonistes pour
emprunter le sentier qui menait jusqu'à l'établissement et distraire les
mariniers. José Calteau a repris l'affaire il y a 25 ans. Un détail important,
elle donne alors sur une rue en double sens reliant Tancarville le bas et
Tancarville le haut, juste avant l'accès au pont suspendu qui enjambe le fleuve
et rapproche les départements de Seine-Maritime et de l'Eure. Un petit parking
est aménagé de l'autre côté de la route. « J'ai
construit une clientèle locale et de vacanciers qui apprécie ma cuisine
familiale ; j'ai toujours fait quasiment que du frais » et l'ambiance
bon enfant qui y règne.
C'est à lui de calfeutrer les panneaux de signalisation obsolettes
Oui mais voilà, « il
y a une dizaine d'années ma rue est devenue une voie sans issue. En contrebas,
deux panneaux ont été installés du jour au lendemain, sans autre concertation.
J'avais des retraités qui n'osaient même monter avec leur véhicule jusqu'au
parking, de peur d'être dans l'illégalité. » Première baisse importante
de fréquentation, liée à des travaux sur le pont de Tancarville. « Ca été beaucoup de discussion avec la CCI, qui a la concession du
pont, et qui a fini par me donner un
énorme rouleau de papier collant noir pour que je les recouvre. » Ce
qu'il continue de faire inexorablement car les deux panneaux n'ont pas été
retirés, alors que deux autres indiquant le cul-de-sac ont été installés toujours
rue du Nais, mais plus haut, après l'accès au restaurant. En 2014, un nouveau chantier d'amélioration d'accès au
pont démarre. Cette fois, la partie haute de la rue est frappée d'un sens
interdit. On ne peut plus descendre jusqu'à son restaurant depuis la sortie du
pont. « On m'a expliqué que c'était
pour sécuriser les travaux, qu'il fallait que je patiente, que ça irait mieux
après ». Sauf que le giratoire installé à la sortie du pont est terminé mais que pour accéder au restaurant, ça relève de l'exploit. « Mon chiffre d'affaires en a pris un
coup. Les gens ne viennent plus. Il faut faire un immense détour pour arriver
jusqu'à moi. Même les gens du coin, ça les rebute. C'est devenu une voie réservée aux services administratifs » dit-il
en se désolant pour la saison à venir. Les 40 chaises en terrasses vont-elles restées
vides ? Le professionnel a beau s'être tourné vers la mairie, rien ne
semble y faire. « On nous dit qu'il faut nous moderniser, nous améliorer. Moi je
veux bien, mais quand les pouvoirs publics font tout pour nous enlever notre
clientèle. Je me sens pris en otage. Personne ne veut m'entendre » répète-t-il non sans lassitude.
Publié par Sylvie SOUBES