"Cela faisait quatre semaines pour nous recherchions du personnel. On avait publié des annonces dans les journaux, sur internet, contacté Pôle emploi. Et rien. Pas une seule candidature", déplore Giovanni Capone. L'équipe était contrainte de refuser des clients dans cette winstub de 160 couverts. Un soir, après un service difficile, l'épouse du chef a craqué. "Elle m'a dit : 'Je n'en peux plus. Il va falloir qu'on fasse la manche pour trouver du personnel.' Je l'ai prise au mot", raconte le restaurateur de 52 ans.
'Hailli, hallo, je vous donne du boulot'
Son opération, baptisée 'Hailli, haillo, je vous donne du boulot', partagée sur Facebook, a vite fait le buzz. Le samedi suivant, le chef a appelé la profession à le rejoindre. Une trentaine de restaurateurs et d'autres corps de métier partageant les mêmes difficultés se sont retrouvés à Strasbourg. "L'Umih m'a apporté son soutien." Les médias locaux et nationaux ont relayé son projet fou.
Depuis l'engouement médiatique s'est tari. Mais Giovanni Capone continue de recevoir des coups de fil. "Une restauratrice de 84 ans vient de m'appeler. C'est terrible. Elle non plus ne parvient pas à recruter du personnel", raconte l'Alsacien désemparé .
Grâce à cette initiative originale, Giovanni Capone a trouvé un barman. "Un de ses amis avaient vu l'information sur Facebook. Il lui en a parlé. Deux jours après, le jeune homme était dans mon restaurant. Il est en CDI avec deux mois d'essai." Pour le poste de serveur en revanche, le patron cherche toujours. "Je reçois des candidatures de toute la France. Beaucoup de personnes qui souhaite se reconvertir comme cette dame conductrice de poids lourds. D'autres ne parlent pas très bien français...", regrette-t-il.
"Je ne veux pas faire de politique. On propose du travail et on ne trouve personne. Pourquoi ? Certains ont une mauvaise image de la restauration. On est mal payé, on fait un boulot pénible avec des horaires difficiles. Mais moi, j'aimerais bien les payer plus. Aujourd'hui, en France, les artisans doivent s'estimer heureux de réussir à payer les crédits, les salaires, les charges, les fournisseurs. Personne ne se soucie de la pénibilité du travail des chefs d'entreprise."
Publié par Sonia DE ARAUJO