Ils seraient 100 000 Chinois à visiter la Corée du Nord
chaque année, auxquels s'ajouteraient 5 000 touristes venus du reste du monde
dont une poignée de Français. Impossible de se rendre sur place par ses propres
moyens. Il est obligatoire de passer par un correspondant de l'agence étatique
de tourisme, KITC. Pour les Anglo-Saxons, cela se fait par le biais de Koryo Tours, tandis qu'en France, la
Maison de la Chine propose des séjours sur place, voire des extensions de deux ou trois jours à l'occasion d'un voyage en Chine.
Forte affluence étrangère pour le
marathon de Pyongyang
La célébration de l'Indépendance de 1948, le 9 septembre,
constitue le pic touristique de l'année avec moult visiteurs venus assister aux
défilés et autres célébrations magistrales. "Mais le pays a ouvert les vannes du tourisme avec le marathon de
Pyongyang". Créée en 1981 et ouverte aux athlètes étrangers sur invitation depuis 2000, l'épreuve se déroule chaque année en avril dans les rues de la capitale. explique Éric
Lafforgue, un photographe français qui a fait six séjours sur place de 2008 à 2012 avant
d'être banni du pays en raison de ses reportages.
"Fut
un temps où, dans les campagnes, les habitants changeaient de trottoir à la vue
d'un étranger. Aujourd'hui ce n'est plus le cas. Les ruraux sont très
accueillants. Il est d'ailleurs possible, dès que l'on sort de la capitale, de
résider dans des sortes de maisons modèles en campagne, mais toujours sous le
contrôle d'un guide. Cela reste l'unique moyen de découvrir la vie des gens. Comme les touristes ne sont jamais laissés seuls, ma technique consistait à établir
une proximité avec mes guides et de leur offrir des cadeaux afin d'avoir plus de
liberté. Ainsi, pour échapper à la nourriture sinistre des hôtels, je les
invitais, pour une quinzaine d'euros, dans des échoppes de rue. Les repas sont
constitués d'une quinzaine de petits plats, comme des mezzes, et souvent de
nouilles froides. Ils boivent un alcool de riz, le soju. Un jour, j'ai eu droit
à un canard d'eau, un met de choix offert par mes hôtes provinciaux",
se souvient Éric Lafforgue qui fut l'un des cinquante Français à visiter la Corée du Nord
en 2008.
Des ormeaux au goût pétrochimique
Les guides conduisent les visiteurs étrangers d'usines
chimiques en fermes aquacoles. La nature est pourtant au centre de la vie des
habitants de ce pays qui dispose de sites remarquables comme le volcan Paektu, situé à la frontière de la Chine.
Les séjours 'tout compris' sont dispendieux : 8 000 euros pour
deux semaines, avec vols domestiques inclus, et des excursions du genre "survoler le volcan à bord d'un bimoteur rempli de
militaires". La station balnéaire de la ville industrielle de Hamhung, sorte de Seveso local étouffé par ses usines chimiques, est prise d'assaut par les élites locales qui s'y
rendent pour dévorer des ormeaux au goût pétrochimique dont "ils
ouvrent les coquilles avec de l'essence."
Le profil des touristes en
Corée du Nord est assez singulier. "D'une
part, il y a les Chinois, toujours en groupe et plutôt de condition modeste. D'autre
part, les Occidentaux se répartissent entre le groupe de 'ceux qui ont tout fait' et celui de'ceux qui veulent se faire peur' : des moins de 30 ans qui
font des selfies-tours pour épater leurs amis", relate Éric
Lafforgue qui a publié en avril dernier un livre-témoignage, Banni de Corée du Nord, chez Hachette Tourisme.
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mercredi 3 octobre 2018