Le retour de la gamelle et des restaurants vides
"Ce fut d'abord l'entreprise locale de bâtiment Le Normand qui fit les frais d'un gros redressement de la part de l'Urssaf car ses salariés fréquentaient, tous les jours, mon restaurant qui se trouve à moins de 5 km de leur siège. Évidemment lorsque des travailleurs sont sur un chantier et que l'entreprise ne dispose pas de cuisine, il est du simple bon sens de se restaurer à côté. Du jour au lendemain, ils sont allés manger chez des confrères éloignés ou ont simplement repris leur 'gamelle'. J'ai saisi le sénateur-maire de ma commune qui a fait une lettre ouverte au Sénat. Jean-Luc Fichet a provoqué une réunion en présence des deux patrons de l'Urssaf de la région et de restaurateurs. Le texte est tellement complexe que les fonctionnaires n'étaient pas en mesure de l'expliquer. Son application, à la bonne grâce de l'inspecteur, est ressentie par la profession comme une sanction 'à la tête du client'. Suite à cette réunion, la pression sur notre clientèle ouvrière a baissé quelques mois pour reprendre de plus belle. Il faut dire que notre sénateur a quitté ses fonctions entre-temps", ne décolère pas la restauratrice de Lanmeur. Elle concède pourtant s'en sortir après une période difficile, d'abord en raison de la réputation de son établissement, mais aussi d'un système de vase communicant : "Les ouvriers de la commune font désormais des kilomètres pour aller déjeuner 'à l'extérieur' alors que les entreprises éloignées font le chemin inverse pour venir chez nous. Mais les confrères qui travaillent dans des communes isolées en campagne n'ont pas de bassin de remplacement !"
Du côté de Morlaix, Catherine Galichet s'indigne du traitement appliqué à ses clients ouvriers partagés entre devoir faire faire 30 km pour se restaurer convenablement ou manger un sandwich dans leur camionnette. La restauratrice se réjouit, en tout cas, du retour de Jean-Luc Frichet au Palais du Luxembourg, le 25 septembre dernier, en remplacement de François Marc, démissionnaire de son mandat : "Je l'ai rencontré vendredi 1er juin avec ma collègue de la Potinière afin de relancer ce problème, resté au point mort. Notre sénateur envisage à la fois de reprendre contact avec l'Urssaf de Quimper et même de poser une question au gouvernement sur ce thème ! "
Publié par Francois PONT
jeudi 21 juin 2018